Pour titrer mon article, j'ai repris ce qu'avait répondu Edouard Balladur pour expliquer son absence aux obsèques de Philippe Seguin.
La disparition brutale et accidentelle du président polonais Lech Kaczynski, de son épouse et d'un grand nombre de hauts responsables et de personnalités politiques a jeté une grande vague de tristesse en Pologne. Les Polonais se sont soudainement pris de compassion pour un président pourtant placé bas dans les sondages d'opinion. Le patriotisme a donc primé. Une semaine de deuil national, ce n'est pas rien. Même chez les chefs d'Etat étrangers, l'émotion a été vive.
Pourtant, le président polonais ne s'était pas fait des amis à l'époque où sa signature était nécessaire pour valider une nouvelle Europe ou lorsque celui-ci se rapprochait trop près des Etats-Unis. Un revirement étrange. On dit toujours que ce sont les meilleurs qui partent, cela se vérifie encore. L'expression est bien entendu à prendre dans son contraire. Elle permet de souligner l'ironie de la situation : on est soudain pris de peine pour quelqu'un qui ne vous en causera plus jamais. Je n'ai aucun avis sur cet homme, ni aucun jugement, je m'interroge seulement sur la soudaine sympathie et les soudaines et innombrables qualités que ces homologues lui prêtent.
Après un tel évènement, on ne peut évidemment pas s'empêcher de transposer le drame en France. Et si Nicolas Sarkozy disparaissait soudainement et tragiquement. Aurez-vous la larme à l'oeil ? Bon, il est peu probable, vu la sécurité appliquée dans ses déplacements tant au niveau matériel que humain. Mais cela dit, personne n'est éternel. Quand Georges Pompidou est mort dans l'exercice de ses fonctions, y'a-t-il eu un tel sentiment de tristesse ? Quand François Mitterrand s'est éteint à peine sa retraite commencée, qui a pleuré à part ses proches et ses vrais amis ? Et quand était-il pour le général de Gaulle ?
Les Français ne sont pas assez patriotes pour pleurer leurs dirigeants ou les grands hommes d'Etat français. Faut-il pour autant émettre des reproches ? Je ne crois pas. Il faut remonter très loin dans notre histoire pour retrouver tout un peuple en larme après la mort de son chef : Henri IV. Comme on le dit, on ne récolte que ce que l'on sème, on meurt comme on a vécu. Si toute votre vie a été semée d'injustices, de coups vaches et de couteaux dans le dos, il ne faut pas s'attendre à ce que tout un peuple pleure. Si toute votre vie, vous avez œuvré pour rendre la vie meilleure, les gens seront plus compatissants. Il suffit de se rappeler de la disparition de Lady Di. C'est le monde entier qui a pleuré.
Alors, je doute qu'un jour un président de la République française soit regretté à sa disparition ou alors ce sera par hypocrisie. Mais, le cours normal des choses va vite reprendre le dessus lorsqu'il va falloir faire campagne pour les élections présidentielles polonaises, la place est trop bonne pour avoir des amis.