En retard sur ses voisins européens en matière de stades, les clubs français doivent se moderniser. C’est ce que pense le président de la Ligue Frédéric Thiriez, qui apprécie l’initiative du Mans d’associer le nom de son futur stade à une société d’assurance.
«L’avenir du football se joue dans la rénovation des stades. Il y a quelques années quand je suis arrivé à la Ligue, j’avais posé le diagnostic suivant : la France avait deux retards, les droits TV et les stades pour être sur le podium des championnats européens. En ce qui concerne les droits TV, le retard a été comblé pour le moment, mais dans le domaine des stades nous avons 15 ans de retard à rattraper, c’est vital. Il existe des raisons structurelles à ce retard. De tout temps, les municipalités ont été propriétaires des stades, hors aujourd’hui à l’époque du professionnalisme, les contribuables ne comprendraient pas qu’ils doivent payer», a expliqué Frédéric Thiriez à l’occasion de la présentation du futur stade du Mans, attendu pour 2009. Loin d’être une place forte du football, le club sarthois joue le rôle de précurseur en France, en s’associant avec une entreprise locale, qui financera en partie la construction de la future enceinte couverte d’une capacité de 25 000 places assises. Celle-ci sera intégrée au pôle d’excellence sportive de la ville, dans l’enceinte du circuit des 24 Heures du Mans automobiles. Elle pourra également accueillir des matches de rugby et des spectacles et bénéficiera d’un hébergement hôtelier. Ces sont donc les Mutuelles du Mans Assurances qui ont raflé la mise, alors que le MUC avait présenté son dossier à une cinquantaine de grands groupes mondiaux. «Nous avons reçu une dizaine de réponses tout à fait intéressantes. Mais c’est bien qu’une grande entreprise qui joue un rôle décisif dans l’économie locale ait accepté», confiait le maire du Mans Jean-Claude Boulard.
Le premier recours au «Naming»
La société MMA s’est engagé à verser 10 millions d’euros sur 10 ans au MUC 72 en échange du Naming. Le nom du stade a été choisi lundi. Il s’appellera le MMArena. Une grande première en France, si l’on excepte le Stade Michelin des rugbymen de Clermont. Une différence notable cependant. L’enceinte de Jaunards appartient à Bibendum alors que le futur stade sarthois continuera à percevoir des financements publics. Quoi qu’il en soit, ce genre d’opération tend à se développer. Elle représente sans doute l’avenir pour de nombreux clubs. En Angleterre ou en Allemagne, la pratique est devenue courante. L’Emirates Stadium d’Arsenal, le Reebok Stadium de Bolton, l’Allianz Arena du Bayern Munich ou l’AOL Arena de Hambourg sont des exemples parmi d’autres. Ce type de contrat permet aux clubs d’assurer leur pérennité comme l’explique le président manceaux Henri Legarda : «Sans ce nouveau stade, il n’y aurait pas de pérennité pour le MUC sur les dix ans à venir. Beaucoup de clubs de Ligue 2 construisent des stades. Ils vont donc se renforcer et si nous ne le faisons pas nous aussi, nous courrons à la catastrophe. J’avais l’ambition de signer le premier contrat de Naming en France. C’est une fierté.»
Une nouvelle bien accueillie
Frédéric Thiriez apprécie en tout cas particulièrement l’initiative : «Le MUC est un modèle en France du point de vue de la gestion. Je suis admiratif de ce que vous faites ici avec le groupe professionnel, mais aussi en matière de formation. C’est un exemple pour les clubs français.» Si certains craignent les moqueries, «j’entends déjà les supporters adverses chanter “MMA zéro tracas zéro blabla”, on n’a pas fini de se faire chambrer», la nouvelle a été plutôt bien accueillie par les supporters. Sur le forum du MUC, on pouvait notamment lire : «Soit on tape sur les contribuables par le biais des impôts soit on profite des gains de sociétés privées qui demande une vitrine… Pour moi c’est tout trouvé, ce n’est pas un nom de stade qui me fera vibrer mais l’équipe qui y jouera et le nom du club qu’elle défendra.» Un argument assez convaincant…