Et si un fait divers devenait un réel sujet de société? Et si le fait qu’un type de 160Kg obtienne des dommages intérêts pour avoir dû payer deux places sur un vol Air France révélait bien plus qu’une utilisation massive des sandwichs beurre de cacahouète/nutella/confiture de groseille?
Pas convaincus?
Se précipiter sur la suite (mais sans quitter cette page !)
L’obésité est une maladie. Elle à sa définition médicale (IMC supérieur à 30), ses soupçons de prédispositions génétiques, son business, ses médecins.
Et elle dit beaucoup, énormément même de la société dans laquelle nous vivons. Oui la graisse par paquet de 50 kg nous révèle des choses tout aussi sûrement que les entrailles que les vaudous continuent de sortir de la cavité abdominale de nos amis galinacés.
Une récente altercation par blogs interposés entre Greg Mankiw, Mark Thomas , Brad de Long, Dean Baker et Paul Krugman (relayés par OBO) sur l’avenir du système de santé US figurait notamment la propension absolument gargantuesque d’obèse aux EU (près de 30%). L’un de ces ténors de l’éco pour les nuls affirmait sans aucune vergogne que ce phénomène était dû à la capacité des EU à fournir une nourriture riche à moindre coût et en quantité importante. Ce à quoi il lui était répondu que c’est aussi le cas dans tous les pays de l’OCDE sans que le phénomène ne soit aussi important.
Un ou plusieurs autres facteurs semblent donc devoir expliquer cette augmentation de la circonférence humaine qui fait le bonheur des vendeurs de fringues et la faillite des compagnies aériennes.
Avançons en deux, avec toute l’incompétence et la naiveté de celui qui n’a fait que lire.
Tout d’abord le mode de vie américain, la part prépondérante de la communication dans la civilisation du visuel US. Alors que la France et l’Europe était plus traditionnalistes dans leur culture familio-diététique, basée sur le partage d’un repas en famille dans un espace temporel bien marqué, la société US était très en “avance”, privilégiant de façon pas toujours volontaire, la prise de repas riches hors de tout contexte de repas familial et dans tous les espaces qui permettent de bouger les bras pour ingurgiter quelquechose.
Partageant avec la société ricaine une proximité linguistique et sociale, il se trouve que la Grande-Bretagne est comme par hasard le pays d’Europe où la proportion est la plus élévée (23%) bien loin devant la France (11.5%). Qui a eu l’occasion dans les années 85-90 d’aller en Angleterre (ce fut mon cas à 11 reprises) a pu mesurer les différences énormes qui existent dans le rituel du déjeuner ou du dîner. Le plateau repas en guise d’autel.
Malheureusement, la tendance européenne tend à suivre le trend US pour aller côtoyer les sommets de la balance.
Deuxième “explication”, la dissolution des cellules familiales traditionnelles, le développement des familles monoparentales avec son cortège de contraintes financières. Le temps et l’argent manquant (le premier tout aussi important que le second), les plats surgelés, les pizzas et autres joyeusetés calorifiques remplacent petit à petit les repas d’antan. Pas de nostalgie, seulement le constat qu’il est effectivement plus rapide, pratique et accessible au plus navrant des benêts de faire cuire un Buns au micro-onde que de faire une poêlée de légume.
Une société qui se délite, dont les liens familiaux s’érodent, ça nous crée des petits gros, pleins de petits gros.
Air France devait-elle être tenue pour responsable si ce charmant bibendum a dû payer deux places? Je ne crois pas non. Mais la justice française, pétrie d’amour pour les justiciables victimes se met à faire comme la justice US. Elle accorde des dommages intérêts à des gens qui n’ont pas assez de courage et de sens critique pour se remettre en question et/ou utiliser leur cerveau.(je laisse de côté les pathologies physiques avérées)
Le chat ne passe pas au micro-onde? C’était pas marqué !
Les big mac ça fait grossir? Ben les avions z’ont qu’a faire des places doubles…
Le niveau zéro de la responsabilité personnelle, relayée par un lien social à la dérive…
Cacher cette brillante littérature