Simplicité

Après ces longs mois de froidure il a bien fallu l’admettre : le printemps est la, c’est l’évidence, même le calendrier triomphe à l’annoncer, et avec lui le sacro-saint déballage, essayage… et constatage, réponse a la question : “mais comment ai-je traverse l’hiver cette année ?” réponse qui a un air de scalpel froid.
Non je n’ai pas été très sage, mais trop tard pour le confesser cela ne sert plus a rien. Pour ma défense je dirais que l’autruche qui sommeille en moi ne dédaigne pas cohabiter avec l’éléphant en puissance et la limande anorexique. De cette ménagerie - ou ce bestiaire - ma conscience et moi trouvons notre équilibre, les yeux bandés mais en toute légèreté in the spirit.
Oui mais voila, mes gros cartons, mes beaux cartons il faut ouvrir. Mauvais poil, je suis de très mauvais poil. J’insiste sur le très, car ce matin rien ne va a ma façon. L’appréhension bien sur. Je couve tel un manchot le moment tant redoute, mais pas d’échappatoire il va falloir tout essayer.
 

Alors j’y vais, j’ouvre et j’étale, je trie, je pousse, fait de la place, répertorie les accessoires, compte les cintres - on ne sait jamais, hésite un peu…aller encore quelques minutes, je vide le dressing, encartonne les pull-overs, les gants et les écharpes…et puis et puis il le faut bien, je me lance et j’enfile non sans demander la grâce, la clémence à ce pantalon là, ou à cette petite jupe cachée timidement derrière la veste en tigre…
Très mauvais poil, je suis de très mauvais poil lorsque j’aperçois ce petit capri noir a qui il manque un bouton. Mais oui, je me souviens ! Et je le vois, là, sur la tablette, le petit bouton. Il ne bouge pas. Il a attendu tout seul de longs mois, sans se cacher ni se perdre.
Il a attendu d’être a nouveau utile, avec dans ses rêves l’espoir de se faire recoudre pour profiter d’un autre été au gré de mes pas. D’un coup j’éprouve une immense tendresse pour ce petit bouton. En le prenant dans mes doigts je ne peux m’empêcher de penser a ce qu’il a du supporter - le pauvre - tout seul l’hiver durant, sans un regard, ni une parole…suis je donc cruelle ! sans attention et le voila le bel exemple : il a tenu bon, ne s’est pas laisse envahir par le bric a brac allant-venant. Non, il a attendu que je le vois a nouveau. Et maintenant, prêt a être cousu, il écoute mon cœur. Quelle belle journée d’un coup ! petit bouton, petit soleil, prêt pour l’été.
“C’est dans la rosée des petites choses que le cœur trouve son matin et se rafraîchit”- Khalil Gibran.

Martha

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ndlr : Nous sommes tous très heureux de retrouver Martha sur le blog