Les récents états généraux sur la violence scolaire ont été une belle illustration des limites du personnage. Lors de ces débats, calés avec un mois d'avance, au plus fort des polémiques sur des meurtres et violences dans des collèges et lycées en début d'année, la communauté éducative a exprimé des choses simples : la violence naît de la précarité; et l'encadrement adulte est insuffisant dans certaines zones socialement difficiles.
Les réponses de Luc Chatel jeudi soir, en clôture de deux jours de débat, sont apparues anachroniques. Comme si le ministre n'avait rien entendu, rien compris, et préparé ses annonces avant cette fausse concertation. Nous sommes en 2010. Les trois quarts des Français semblent désespérés de l'action politique. Et voici un ministre de l'Education nationale qui s'amuse encore à faire de la langue de bois sur un sujet grave, la violence à l'école.
1. Luc Chatel a promis que les futurs enseignants seraient désormais formés à "la gestion des conflits et à la prévention de la violence". Des enseignants formés ? Quelle belle idée. Il était temps. Le ministre a aussi promis que les responsables des établissements difficiles pourront désormais choisir leurs professeurs, histoire d'éviter l'affectation automatique d'enseignants débutants.
2. Le ministre veut doubler les effectifs de sécurité dans les collèges et lycées difficiles. On parle de .... 500 agents. En février dernier, un lycée d'Ile-de-France est resté trois semaines en grève car ses professeurs réclamaient davantage de surveillants; leur établissement n'en comptait que onze pour 1500 élèves.
3. Il est drôle et triste d'entendre un ministre de la République réclamer la suppression des allocations familiales aux parents d'élèves trop souvent absents. Que connaît-il de la situation de ces derniers ? N'ont-ils pas besoin d'assistantes sociales, de soutien scolaire après l'école ? Le président de l'Assemblée des départements de France a rappelé que l'absentéisme scolaire n'est pas le problème majeur, avec 2,5 % des collégiens, 4 % des lycéens.
A Pantin, en Seine Saint Denis, les enseignants d'un lycée professionnel protestaient en janvier dernier contre l'installation prochaine d'une équipe mobile de sécurité parce que le même lycée a vu d'autres crédits, tout aussi vitaux pour lutter contre la violence à l'école, se réduire drastiquement, tels ceux du fonds social lycéen qui aide les familles en difficulté, ou les crédits pédagogiques.
4. Chatel n'a pas évité les annonces démagogiques, comme le rappel au règlement : il faut «faire silence avant d’entrer en cours»,«demander la parole en levant le doigt».
Luc Chatel est aussi porte-parole du gouvernement. A ce titre, il a pu commenter, puis ne pas commenter (L'affaire est close), l'affaire des rumeurs sur la vie conjugale de Carla et Nicolas Sarkozy. Il a pu dire qu'il fallait ("La nouvelle taxe carbone entrera en vigueur le 1er juillet prochain") et ne fallait plus de taxe carbone. C'est la loi du genre.
Etre porte-parole est un exercice usant pour sa crédibilité politique.