Les petites vieillesEt puis les ennuis commencent. Je croise une petite vieille au panier, en costume bien tradi. C'est louche. Et ça n'y manque pas: elles vient me vendre des babioles. Je l'éconduis.
Les petites vieilles se succèdent. Mon amabilité, déjà glaciaire, décroît de l'une à l'autre jusqu'à asymptoter le zéro absolu. Même costume, même coiffure (longue natte ramenée sur la tête), même vocabulaire: "hello !", "you go Dazhai?". Ca réussit à me foutre en rogne.
C'est alors que j'arrive simultanément au village des menteurs et à l'acmé de mon ressentiment. De manière générale, la sagesse élémentaire veut que l'on se méfie des femmes. Mais dans ce coin, ne pas leur dire un mot ! Toutes, elles n'ont en tête que cette idée, de tondre, de traire, d'extorquer !
En chatouillant le dragonJe reprends ma route. Venant de la direction opposée, deux vieilles ont eu du succès: à elles deux, elles portent sur leurs balancières les sacs de quatre promeneurs. Ceux-ci suivent, essouflés, en sueur, échevelés. Ils me disent que Dazhai n'est pas loin, à une heure de là. Je marche depuis deux heures, en tout cela fera trois; au moins je ne manquerai pas mon vol, ce soir à Guilin !
Je fais donc ma pause casse-croûte tout de suite, avec vue plongeante sur les rizières.
Comme j'arrive au parking, un jeune couple d'Italiens me demande, l'air un peu perdu, s'il est nécessaire de prendre un guide pour rejoindre le village. Le chemin va tout droit, mais ça ne se voit pas d'ici. Evidemment que ces guides sont des voleurs.
Comme quoi le flot de devises étrangères peut faire toute la différence entre le merveilleux accueil que j'ai reçu à Chong'an ou Yangmen, et la hargne commerçante, avide, mensongère de Ping'an ou Dazhai. Dans un écrin sublime, mais bon... Navette pour Guilin.
Derniers mètresJe suis sur le point de retourner à la civilisation. Cela se sent dans le trafic impossible. Je prends un taxi pour l'aéroport, et nous passons entre ces étonnants "pains de sucre" auxquels l'urbanisation vient se heurter avant de les circonscrire.
Leur verticalité miraculeuse n'est pas à sa place dans les faubourgs quelconques de Guilin, comme un accès de nature, comme une réaction épidermique de la Terre au fracas pollué des banlieues grises.
Je conclus ces lignes, et je m'envole pour le bercail. 辛苦了!