Ma curiosité a donc pris le pas sur la méfiance (la récente filmographie de Thomas aurait pourtant pu laisser la méfiance maîtresse de mes sentiments), et je me suis engouffré dans une salle jouant Ensemble nous allons vivre une très, très grande histoire d'amour... Comme cela arrive parfois (assez rarement en y réfléchissant bien), mon aversion pour le film de Pascal Thomas fut immédiate et violente. Non je ne suis pas monté sur mon siège pour hurler au milieu de la salle « C’est nuuuuul ce film » (contrairement à certains devant un autre film), mais franchement, l’envie ne m’en manquait pas.
Comment décrire l’affliction qui fut la mienne pendant la première partie d’Ensemble nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour ? C’est bien simple il m’a fallu à peu près 30 secondes (sans exagérer, demandez à l’ami qui m’accompagnait) pour pousser mon premier soupir, à la vue de Christian Morin (oui oui, le clarinettiste de « La roue de la fortune ») commentant un défilé campagnard de danses régionales au milieu d’un champ. Ce fut autant un soupir d’étonnement que de crainte. Les nombreux soupirs qui suivirent celui-ci au cours des 90 minutes suivantes furent divers et variés. De lassitude, d’énervement, d’outrance.
Dans la seconde moitié du film, le récit se déplace à Paris et gagne en second degré et légèreté enfin bienvenue. C’est un peu tard, et cela ne se manifeste malheureusement qu’à travers un personnage, et un acteur, le tailleur sourd et muet délicieusement interprété par Guillaume Gallienne. Ce rival amoureux au p’tit gars du sud est une pépite au milieu du bazar orchestré avec imagination mais sans talent par Pascal Thomas, et apporte une belle réplique surnageant dans ce fade scénario (« Le muet était polyglotte ! »).
Ce qui me fait revenir au titre de ce billet désappointé. Julien Doré n’est pas un acteur. Cette nouvelle star, récente coqueluche du showbiz français pour l’univers décalé qu’il a apporté à la scène française, se lance donc dans le cinéma par la grande porte, avec un premier rôle romantique. Julien Doré n’est pas un acteur. Cet avis n’est pas un mal en soi, car le cinéma a vu à de nombreuses reprises débarquer des garçons et des filles sans véritable expérience devant la caméra et briller malgré cela de mille feux. Des garçons et des filles chez qui le jeu est inné, des garçons et des filles dégageant dès leur début une présence palliant l’inexpérience.
Julien Doré n’est pas de ceux-là. Pas dans ce rôle-là en tout cas. Pas dans ce film-là. Dans Ensemble nous allons vivre une très, très grande histoire d’amour…, Julien Doré trimballe ses cheveux frisés et son accent du sud sans séduire, sans faire rire, sans émouvoir. Il fait le boulot, mais ne fait pas naître d’étincelle. Parfois il irrite, jouant de son accent comme le comique marseillais Titoff (dans ces moments-là, les soupirs se sont enchaînés).