The Kooples et le dandy parisien

Publié le 11 avril 2010 par Jc75

Dimanche dernier, ou celui d’avant plutôt, après un brunch dans le marais avec mon amie Delphine, nous flânons rue des francs-bourgeois. Cela fait déjà plusieurs jours que cette jolie princesse de chez Castel supporte ma frénésie soudaine de costards & autres vêtements. Nous avions déjà passé, le week-end d’avant,  une heure ou deux dans ma boutique préférée à Paris,  le dandy parisien. Mais là, après quelques essayages chez Zadig & Voltaire, d’une veste de smoking revisitée par une touche d’esprit rock, je rennonce à la prendre sur ses précieux conseils.

Elle a raison. Un peu comme Ted Baker, que j’aime pourtant aussi, la qualité des produits, des matières, ne suit pas du tout chez ces deux marques, tout se détériore beaucoup trop vite. A ce prix, c’est scandaleux.

Et là, Delphine m’entraine entre Saint-Paul et Bastille, et me fait découvrir The Kooples. C’est une révélation, un peu comme lorsque j’ai découvert, il y a longtemps maintenant, Paul Smith, puis Dries Van Noten. Si je veux parler, dans un même post, du dandy parisien, la boutique, et de la marque The Kooples, c’est que toutes deux revendiquent un mot galvaudé de nos jours, le dandysme.

Mais revenons à ces deux endroits. Le dandy parisien, ce sont deux boutiques, côte à côte, à deux pas de la rue princesse, au 19 rue Guisarde plus exactement. 

La première, plus récente, est du sportwear chic, polos La Martina, sacoches Fred Perry, baskets Paul Smith, etc. La 2ème est le royaume des costumes, des chemises et autres accessoires précieux, Paul Smith pour une grande partie, que vous ne retrouverez ni dans la boutique officielle du boulevard Raspail, ni au Printemps, ni au Bon Marché, ni ailleurs. J’aime depuis toujours Paul Smith, le délire dans la rigueur, le soucis du détail, les costumes cintrés, près du corps, si bien coupés, les clins d’oeil pour les connaisseurs comme un fil rouge qui sert à coudre simplement l’un des boutons d’une veste, coté gauche.

Si il existe un seul endroit à Paris ou je trouve ces valeurs de chic, d’esprit dandy, c’est bien dans cette boutique. Tout est dit sur leur site : Ne pas tomber dans la caricature, la panoplie ou l’uniforme, ne pas se faire remarquer tout en affirmant sa différence et en restant soi-même, c’est une frontière subtile dont Frank, à force de recherche et de réflexion, est devenu l’un des principaux  »passeurs ». Dandy discret, chic et sexy, l’homme « Dandy Parisien » a du style, une classe naturelle et une forte personnalité, que le vêtement complète en la reflétant.

Tout est dit, je ne devrais même pas parler de cet endroit magique, il devrait être reservé aux initiés, après un rituel de passage, ou l’on devrait parler de Brummell,  courtisan qui fréquentait la cour d’Angleterre, et de ses héritiers, Barbey d’Aurevilly, Oscar Wilde, Baudelaire, etc. Mais allez-y si ces quelques lignes ont un sens pour vous. Le propriétaire et l’ame de cet endroit secret, Franck, est lui même un dandy, il vous accueillera toujours avec une extrême gentillesse, beaucoup de classe, et vous prodiguera des conseils toujours justes et judicieux.

The Kooples, je les cite,  c’est une envie de faire redescendre le chic dans la rue pour habiller les garçons et les filles, c’est vivre à tous les âges le style comme une déclaration, un manifeste amoureux.

The Kooples a choisi le camp de Savile Row, la mythique rue des maîtres tailleurs de Londres, dans le quartier de Mayfair. Coupe un rien cintrée, épaules tenues, manches étroites, proportions revues et corrigée, The Kooples a mis des lunettes noires à la London Cut !

Entre masculin et féminin, entre Paris et Londres, entre bêtes de mode et oiseaux de nuit, The Kooples orchestre ainsi la rencontre des plus beaux classiques et des audaces d’un néo dandysme savamment déjanté. Cet état d’esprit cache aussi des amours vintage, de fripe et de chic, une allure bien tranchante chinée aux icônes du style, souvent inspirée par l’histoire musicale des sixties aux eighties, et par leurs héros. L’écusson brodé des blazers, les médailles épinglées sur les pulls et les vestes, le décor minutieux des boutons, portent tous la « tête de mort », le blason de la marque. Pochettes de soie sur les vestes, broderies de fils argenté, cuivré, éclat passé de l’or des vieux palaces, quelque chose de noblement déglingué, de décalé, demeure dans cet amour du détail. 

Les boutiques annoncent la couleur dès le début, tout est décliné sur le « couple »: couples de vendeurs-vendeuses, avec toutes les variantes possibles photos et interviews de vrais couples dans leur magazine, bref le marketing est poussé jusqu’au maximum. Vous repartirez même de leurs boutiques avec votre costume, ou un simple polo, emballé dans un vrai sac en toile aux couleurs de la marque, et pour les costumes, vous pouvez soit rentrer, le déplier et l’accrocher ainsi dans votre armoire, soit l’emporter ainsi et partir à l’aéroport prendre un avion.

Le dandysme, c’est Roger Kempf qui en parle le mieux dans l’un des ouvrages de référence sur ce thème et intitulé « Dandies, baudelaire et Cie ». Indispensable bible aussi, « Du dandysme et de George Brumell », de Barbey d’Aurevilly. Le dandysme, ce n’est pas qu’une posture vestimentaire, qu’elle soit parfaite en sortant du « Dandy parisien », ou d’esprit plus rock après un détour chez The Kooples.

Le dandysme: un culte de la différence dans le siècle de l’uniforme. Et une dénonciation. Les dandies et leurs proches se composent une dissemblance qui proscrit les idoles du jour : utilité, vitesse, argent. Plus insolent que transgresseur, le dandy récuse dogmes et injonctions, opposant le singulier au multiple, le peu au trop, la réserve à l’effusion, et le délire de sa rigueur à la morne économie des ménages.

Le dandysme est aussi un monde métaphorique aux couleurs du soleil couchant, un exercice impossible. Le dandy ne l’ignore pas. Condamné, il s’attend à disparaitre, dignement. Je vous laisse lire ces ouvrages,  pour le découvrir. En attendant, précipitez vous, mais avec élégance, au Dandy parisien ou dans l’une des boutiques The Kooples !


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