La nouvelle Flèche d’Or a mis un peu de temps à trouver son public, la faute probablement à une programmation pas suffisamment alléchante pour inciter les parisiens déjà gavés de concerts à débourser les 8 euros (avec une conso) de droit d’entrée. Cette semaine, l’ancienne gare de la petite ceinture a pourtant vécue deux folles soirées avec la venue tout d’abord de la talentueuse Laura Marling puis le lendemain des Band of Horses. Deux soirées qui ont rempli le pavé de la rue de Bagnolet (et même celle des Pyrénées) d’amateurs de folk en tout genre, au point d’attiser la curiosité des riverains, plus du tout habitués à voir débarquer un tel rassemblement de mélomanes dans ce coin du XXème.
Sachez-le, il vaut mieux arriver tôt lorsque l’affiche est alléchante sous peine de poireauter 2h pour venir échouer à quelques mètres de l’entrée, condamné à maudire votre chef qui vous a retenu plus que de raison à votre boulot ou les transports parisiens en grève pour la 264ème fois de l’année…La venue de Band of Horses mercredi a laissé beaucoup de monde derrière les grilles. Cela peut paraître étonnant si l’on considère que le groupe n’a pas bénéficié d’un énorme buzz sur ses deux premiers albums. L’explication est sans doute à chercher de l’autre côté de l’Atlantique vu le grand nombre d’Américains présents ce soir là, le groupe bénéficiant dans son pays d’une aura bien plus importante que chez nous.
La soirée débute par une première partie assurée par le seul Tyler Ramsey dans le rôle du cumulard puisqu’il est également guitariste au sein de Band of Horses. On sent d’ailleurs transpirer de sa musique les mêmes influences que celle de BOH, celles menant à tout un pan de la musique traditionnelle américaine (folk, americana, country, rock sudiste). Ses ballade mélancoliques et acoustiques sont une sympathique mise en bouche avant un plat de résistance d’un calibre bien plus relevé.
Quelques petites minutes d’attente et Tyler Ramsey refait son apparition sur scène en compagnie du reste de la troupe mais c’est Ben Bridwell qui attire tous les regards, lui le seul rescapé de l’époque où le groupe se nommait Horses. Assis derrière sa guitare pedal steel, le chanteur barbu entame le set par 2 titres tirés des deux premiers albums dont la bien nommée The First Song. La musique de BOH prend, comme c’est souvent le cas en live, une tournure plus rock. Les titres principaux de leur discographie (Is There a Ghost ; The Great Salt Lake ; No One’s Gonna Love You) sont accueillis avec enthousiasme par les privilégiés qui ont pu franchir les portes de la Flèche d’Or. Mais si le groupe s’est déplacé jusqu’ici, c’est aussi parce que comme le signale avec humour Ben Bridwell, un nouvel album va bientôt sortir dans les bacs et il est foutrement bon selon son auteur. En même temps on ne le voyait pas dire le contraire. Plusieurs titres de « Infinite Arms » (c’est son nom) sont rodés sur scène dont l’excellent single Compliments ; Factory ou encore un Laredo très Grandaddyesque dans l’âme. Que les fans se rassurent, ce troisième album s’annonce du même tonneau que ses prédécesseurs. Le set se termine avec Ode to LRC et le très attendu The Funeral, deux des plus beaux morceaux composés par BOH, sur lesquels la voix réverbérée de Bridwell vous met le système pileux au garde à vous. Le groupe quitte la scène sous les vivas et revient pour deux titres dont une reprise de Yo La Tengo (Sugarcube). Belle performance des Américains que l’on espère revoir dans les prochains mois sur les scènes de l’Hexagone afin de promouvoir leur nouvel album dont la sortie est fixée au 18 mai.
Retrouvez ce live-report sur Indiepopock avec des photos de Robert Gil.