Voici le cottage qu’habita longtemps Virginia Woolf.
Elle vécut dans la Monk’s House de 1919 à sa mort en 1940, à part quelques séjours londoniens, dans le comté du Sussex. Dans ces chambres vertes, pâles, intimes et douces, on imagine bien l’écrivaine y écrire Mrs Dalloway, Promenade au Phare ou Orlando.
Pourtant, elle se plaignait régulièrement d’y vivre comme dans cette lettre à son mari Léonard (tirée du film The Hours, dans lequel elle tente une escapade à Londres) qui essayait de la maintenir à l’abri des secousses de la vie urbaine :
“Je vis dans une ville dans laquelle je n’ai aucune envie de vivre. Je vis une vie que je n’ai aucune envie de vivre. Rien ne m’exciterait autant qu’une virée à Londres. Londres me manque. Ma vie à Londres me manque. Tu ne peux pas trouver la paix en évitant la vie, Léonard. Quelqu’un doit mourir de manière à ce que le reste d’entre nous puisse réévaluer la vie. Par contraste. Il y a des moments où on ne sait plus qui on est. Et on pense qu’on va se tuer. Léonard, pour regarder la vie en face. Toujours pour regarder la vie en face, et pour la connaître pour ce qu’elle est. Enfin, savoir ce que c’est et l’aimer pour cela. Et puis, le mettre de côté. Léonard, toujours ces années entre nous, toujours les années, toujours l’amour, toujours les heures. Si je pensais avec clarté, je te dirais que je lutte seule dans le noir, dans le noir profond, et la seule chose que je connaisse, la seule chose que je comprends, c’est ma propre condition. Tu vis avec la peur, tu me dis, tu vis avec la peur de ma disparition. Je vis avec aussi. Je ne choisis pas l’anesthésie suffocante de la banlieue, mais le violent chaos de la capitale. On dirait que je suis indémêlable.”
C’est finalement à quelques mètres de The Monk’s House, dans l’eau de l’Ouse, que Virginia réussit son échappée finale.
Le cottage est aujourd’hui transformé en musée.
Photographies puisées sur ce blog.