Et la nuance a son importance. Moscou a souvent fait le premier pas en direction de "l'Ouest" depuis 1991, mais avec le secret espoir qu'elle soit considérée d'égale à égale, ou du moins, à l'égale d'un membre influent de l'Alliance. Or l'OTAN s'est toujours évertuée à la tenir à une certaine distance. Par exemple, lorsque en 1994, Eltsine souhaite formaliser les liens de son pays avec l'Alliance, cette dernière ne lui propose qu'un simple "PfP" (Partnership for Peace, initiative de coopération entre les armées : entraînement en commun, developpement de la complémentarité des forces, etc). La Russie accepte mais veut déjà se distinguer des autres membres du PfP : elle obtient un statut particulier au Conseil de l'Atlantique Nord (CAN), une structure dite "OTAN+1" qui sera officialisée en 1997 par la création du Conseil conjoint permanent OTAN/Russie (CCP).
Plus étonnant encore, le premier ministre Poutine, en 1999, disait ne pas "écarter" une possible adhésion à l'OTAN. A cette époque, le conflit en Tchétchénie couplé au naufrage du sous-marin Koursk avaient joué dans la balance : le Kremlin avait besoin de trouver des points d'appui dans sa diplomatie. Le nouveau projet russe pose un certain nombre de questions : - doit-on lire ce rapprochement avec l'ouest à travers le prisme de la politique intérieure russe (probable offensive dans le Caucase suite aux attentats de Moscou, crise financière affaiblissant la présidence Medvedev)?
- Comment gérer un bouclier global alors que la Russie n'est pas membre de l'OTAN dont la caractéristique principale reste la "défense collective" régie par l'article 5 du Traité de l'Atlantique nord?
(photo : United Nations Photo)