Aïny est une marque que j’ai découverte sur le salon Beyond Beauty il y a 1 an ½. Elle avait retenu mon attention car, au milieu de dizaines de nouvelles marques « me too » (bio, de docteur, à l'argan, pour hommes, etc), Aïny se distinguait par son originalité, son sérieux et son approche poussée de l’éthique et la culture. Voici, juste pour vous, l’interview de son créateur, Daniel Joutard. RACONTE-NOUS COMMENT TU AS CRÉÉ AÏNY, APRÈS UNE IMMERSION CHEZ LES INDIENS D'ÉQUATEUR.
Après mes étude à l’ESSEC, je suis parti 1 an en Équateur avec une ONG. Cette expérience a changé en profondeur ma vision des choses, notamment car l’ONG était en lien avec un mouvement indien équatorien. Des gens qui luttent pour survivre, qui se battent pour des causes bien plus graves que celles qui m’animaient alors, du genre : « Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire samedi soir ? ».
J’ai également été très marqué par la vision qu’ils ont des choses : pour eux, tout est enchanté et a un esprit, un peu à la manière du film Avatar. Quand on voit le monde cette manière, on le respecte beaucoup plus.
Lors de mon séjour, j’ai également rencontré une jeune femme apprentie-chamane qui soignait avec des plantes. Évidemment, à ce moment là, j’étais très sceptique : pour moi c’étaient des superstitions, du folklore. Mais lors de mes nombreux allers-retours en Équateur et au Pérou les années qui ont suivi, elle m’a soigné à plusieurs reprises avec des plantes. Elle expliquait le choix des plantes par les énergies, leurs propriétés chaudes et froides… Par exemple, elle m’a soigné le mal de l’altitude avec un œuf. Et ça a vraiment marché ! Donc petit à petit, tout cela m’a intrigué...
Ensuite, je suis parti 6 mois au Pérou sur le terrain pour accompagner les communautés autochtones à développer l’activité économique autour de la valorisation de leurs plantes. Mais ces connaissances et la diversité des plantes se perdaient sous la pression de la modernité.
De retour en France, j’ai eu envie de valoriser les médecines amérindiennes qui sont finalement très peu connues. Mais restait à savoir comment...
Ma rencontre avec Jean-Claude le Joliff, ex. Directeur R&D de Chanel a été décisive, : mon histoire l’a passionné et il a proposé de m’accompagner. Nous avons embauché Caroline, notre ingénieur formulation et l’aventure a démarré début 2007. AS-TU RENCONTRÉ DES DIFFICULTÉS POUR DÉVELOPPER CETTE GAMME ?
En 2007, j’étais consultant en entreprise et enseignant en marketing à l’Université Paris Dauphine. Et pour Aïny, j’ai fait tout le contraire de que j’enseignais ! Je n’avais pas identifié de besoin réel, mais j’avais envie de travailler avec des gens, des plantes et un savoir ancestral. Il a fallu qu’on fasse de tout cela des ingrédients (sans savoir au départ s’ils avaient une réelle efficacité sur la peau), puis des produits, et enfin une marque.
L’Ecole de Biologie Industrielle [NDLR : mon école !!!] nous a loué son laboratoire et nous a accompagnés dans le développement de la gamme. Nous avons par ailleurs été aidés financièrement par OSEO, qui accompagne les jeunes entreprises innovantes.
Il a d’abord fallu sélectionner les plantes à intérêt cosmétique, croiser les connaissances des communautés avec lesquelles nous travaillons, et les nôtres, plus rationnelles.
Ensuite, je voulais absolument créer des produit bio, et comme Jean-Claude Le Joliff était très exigent sur les textures, ça nous a pris beaucoup de temps. En tout : 2 ans ½ !
En 2008, nous avons participé au salon Beyond Beauty, et bien que nous n’étions encore tout à fait prêts (nous avions présenté des maquettes de formules et de packs), nous avons gagné le Prix Coup de Cœur du Jury.
Il nous a encore fallu quelques mois pour bien stabiliser nos formules et nous approvisionner en matières premières. Et nous avons lancé Aïny en septembre dernier au Printemps, chez By Terry, Melle Bio, Beauty Monop et quelques autres points de vente.
La principale difficulté aujourd’hui est que nous sommes tributaires des récoltes. Nous devons bien calculer les quantités de plantes dont nous avons besoin, car si nous sommes en rupture de stock sur un produit, nous devons attendre la récolte suivante pour pouvoir réapprovisionner les points de vente ! C’est ce qui s’est malheureusement passé avec notre Sérum D’un Luxe Miraculeux : les consommatrices qui l’ont adopté attendent son réapprovisionnement depuis plusieurs mois… Il vient tout juste d’arriver.
QUE VEUT DIRE AINY ?
Aïny veut dire, selon les dialectes quechua : "esprit des êtres vivants" ou "réciprocité" (= je te rends service aujourd’hui, tu me rendras service demain). Mais aussi, phonétiquement, "l’œil" en arabe et "je t’aime" en chinois !
QUELLE EST LA PHILOSOPHIE DE LA MARQUE ?
Aïny s’articule autour de 3 valeurs.
1/ L’enchantement
Nous travaillons avec des chamanes pour traduire dans notre gamme leur vision des choses. Nous utilisons des plantes sacrées et comme dans la tradition, dans chacun de nos produit, il y a une chanson : elle est représentée par des motifs bien particuliers à l’intérieur des étuis. Les chansons, dans la médecine amérindienne, déclenchent des visions et ont une véritable fonction médicinale.
Nous travaillons avec les chamanes des communautés Achuar (Haute Amazonie, Équateur, Pérou), Ashaninka et Yanesha (Amazonie Péruvienne) et Quechua (autour de Cuzco, au Pérou).
2/ La science et la qualité
Les plantes sacrées amérindiennes sont reconnues depuis longtemps par les ethno-pharmacologues pour leurs activités biologiques. Mais bien sûr, nous nous assurons ici en France que ces plantes ont un réel effet cosmétique et sont sans danger. Et nous les utilisons à des justes doses pour garantir à nos consommatrices une efficacité sans faille.
Aïny dispose par ailleurs d’une totale maîtrise de sa chaine d’approvisionnement, du producteur jusqu’au produit fini, pour une qualité irréprochable.
3/ L’engagement
Tout d’abord, nous ne proposons que des produits Bio, certifié Ecocert. Les plantes sacrées sont forcément bio, car les communautés avec lesquelles nous travaillons n’utilisent pas de pesticides.
Ensuite, nous avons une démarche équitable.
Mais celle-ci, si elle est nécessaire, n’est pas suffisante. L’efficacité des produits Aïny se nourrit de notre R&D, bien sûr, mais aussi et surtout des connaissances des chamanes. Le vrai « prix juste » à payer à ces communautés n’est donc pas seulement celui de leur récolte mais également celui de leur savoir-faire, de leur histoire. Nous souhaitons partager la valeur là où elle se crée et nous avons donc des partenariats avec les autochtones pour avoir le droit d’utiliser leurs connaissances. Nous leur reversons 4% de notre chiffre d'affaire (environ 1€ par soin) via des projets cogérés pour que les savoirs collectifs perdurent : financement de jardins de plantes médicinales ou publication de livrets à usage local recensant les savoirs traditionnels, par exemple.
Par ailleurs, nous nous engageons à ne pas déposer de brevet, afin de ne pas créer un monopole sur la plante - ce que font beaucoup de laboratoires pharmaceutiques et cosmétiques et qui porte un nom : la biopiraterie. Ainsi les communautés restent libre de vendre les plantes à d’autres. COMMENT SE COMPOSE LA GAMME ?
C’est une gamme de soins pour le visage. Nos actifs phares sont l’achioté, un puissant antioxydant, l’huile d’ungurahua, très en oméga 9 réparateurs, le sacha inchi, aux oméga 3 et 6 anti-âge, et le mollé, aux vertus cicatrisantes. Les prix s’échelonnent entre 26 et 62€.
Perle de la plus Belle Eau est une gelée lactée démaquillante.
Un Eclair…Puis le Nuit, un lait démaquillant fondant.
Âme Resplendissante, un fluide hydratant harmonisant.
Immortelle Beauté, une crème voluptueuse régénérante.
D’un Luxe Miraculeux, un sérum nutrition éclat.
+ d'infos : www.ainy.fr
A lire aussi : le blog ultra-intéressant de la marque > www.ainy.fr/blog