Le printemps s'installe inexorablement et nous fouette gentiment les sens. Hier matin, le soleil du matin inondait mon appartement et j'ai du descendre le store de toile sur mon balcon, l'air frais était riche de promesses et j'ai senti que le jour était arrivé alors je n'ai pas hésité. Avec ma femme nous avons filé chez un concurrent de Truffaut, installé à la campagne au milieu des champs où vous payez pour vous rompre les reins à cueillir vos achats de fruits et légumes dans la terre gadoueuse sous le soleil qui vous cuit la nuque. Tant qu'à en chier, autant que cela en vaille le coup, alors vous en rapportez plus qu'il n'est possible d'en manger, ce qui vous oblige à laver, éplucher, cuire le tout puis le congeler pour plus tard.
C'est à cela que je pensais tandis que nous longions ces champs alors que notre but n'était pas comestible mais ornemental. Nous allions redonner vie à nos loggias, re-paysager notre petit chez nous, jouer les Nicolas le jardinier des balconnières. Plantes d'intérieur ou d'extérieur, vertes ou colorées. Fleurs en pots ou en bouquets, suspensions élégantes ou godets timides, jaunes, rouges, bleus et toutes leurs nuances, il y en a pour tous les goûts et toutes les bourses. Les lieux embaument.
Aujourd'hui nous ne faisons qu'une première approche, le minimum syndical pour égayer nos balcons, myosotis mauves, petits dahlias jaunes et quelques godets de je ne sais plus quoi - le nom m'échappe - d'un orange soutenu. A peine rentré je replante tout ce beau monde dans mes jardinières, je ressors l'arrosoir du placard où il avait passé l'hiver et mes travaux des champs terminés, dans un soupir de contentement béat je me laisse aller à somnoler satisfait du résultat obtenu. Dans mon demi sommeil il me semble entendre pousser mes myosotis.
« Y a de la joie, bonjour, bonjour, les hirondelles .... »