Foin des Roland Barthes et consorts, désormais l'IRM fera force de loi. En tout cas, les 12 étudiants de Nouvelle-Angleterre qui se prêteront au jeu détermineront peut-être une nouvelle approche du livre. Des textes spécialement conçus pour ce type de lecture seront examinés, par un passage sous IRM de leur cerveau et la cartographique des réponses seront alors entièrement chimiques.
Examen en profondeur des réactions
Les textes qu'ils vont lire ont été spécialement élaborés pour cette expérience. Il s'agit de comprendre et définir les réactions du cerveau quand il lit Harry Potter ou un journal quelconque. La base de données qui sera dès lors recueillie s'affinera au fil du temps. De là à savoir si ces mesures nous permettront de comprendre pourquoi on aime Homère, il n'y aurait qu'un pas.
Un jeu de financements certain
Mais au fait : pure curiosité scientifique ou manque cruel de subventions pour la recherche ? Eh bien, contre mauvaise fortune on fait bonne grâce : si les budgets manquent bien en effet, le croisement de deux matières et les recoupements que l'on peut en obtenir permettent de capter un peu d'argent là où un département littéraire stricto sensu aurait connu les coupes franches dans le budget.
Et puis, à une époque où l'on évoque la mort des sciences humaines, peut-être que cette histoire d'imagerie par résonnance magnétique de la critique littéraire nous en apprendra plus sur nous-mêmes.
Opposants et partisans : on chante ?
Dans tous les cas, explique le professeur Richard Wise, chercheur en neurosciences à l'Imperial College de Londres, « la lecture est quelque chose d'extrêmement relié dans notre cerveau. Il y a des cellules qui répondent uniquement à cette stimulation et nous pouvons les étudier. » Alors, pourquoi se priver ? Parce que ce serait dénaturé la valeur artistique ? Allons donc !
Au contraire, les scientifiques et les profs de lettres semblent converger et se retrouver dans cette idée farfelue : celle de faire la lumière sur ce qui se déroule quand on lit. Après tout, c'est un développement des plus passionnants de notre vie intellectuelle, estime un professeur de l'université de Stanford.
Même si la littérature échappe à l'analyse scientifique, estiment certains, d'autres critiques considèrent tout simplement que la technologie n'est pas encore assez avancée pour donner des résultats pertinents. Et l'expérience intime qu'incarne la lecture n'a rien de chimique, mais plutôt de subjectif. Alors comment pourrait-on en parler en observant les réactions d'un cerveau ?
Le silence éternel de ces espaces infinis...
Oubliant Jonathan Gottschall, les opposants réduisent donc cette approche à un simple jeu de radiographies. Mais ce professeur de littérature expliquait simplement : « Connaître les causes qui animent le mouvement d'une comète dans l'espace ne détériore en rien la beauté d'une nuit étoilée. »