De nombreux livres ont été écrits sur le jeu vidéo, mais peu en valaient vraiment le coup, la faute à des auteurs qui ont par trop souvent essayé de théoriser et de coucher sur le papier les émotions qu'ils ressentaient sans vraiment y arriver. Thibaut Ronet présente dans Passion(s) une nouvelle démarche : celle d'un recueil d'entretiens réalisés avec des professionnels de cette industrie expliquant leur passion à eux. Une démarche intéressante, mais la concrétisation est-elle là ?
Entretiens avec quatre vampires
Dans l'introduction de l'ouvrage, l'auteur se présente et présente sa démarche : celle d'exprimer une passion à travers les témoignages directs et sans retouche de quatre individus en ayant fait leur métier. Sans grande prétention, l'ouvrage aurait pu avoir la simplicité qui manque à beaucoup d'autres livres du genre, mais quand on voit la liste des interviewés, les choses commencent à se gâter. Deux journalistes du site Gamekult, un de Gameblog, et le co-fondateur du studio Naughty Dog (Uncharted). Certes, ces quatre personnalités ont une passion ancienne, une grande connaissance du jeu et une reconnaissance publique, mais lorsqu'on n'a que quatre entretiens, il est mal avisé d'en faire trois avec des personnes ayant la même profession, et il aurait été bien plus intéressant d'interviewer des individus faisant partie d'autres créneaux de l'industrie.
Viennent ensuite les entretiens en eux-mêmes qui, dans l'ensemble, sont plutôt intéressants, bien qu'avec leur limites. Les questions posées sont diverses allant de l'explication du parcours des interviewés jusqu'aux interrogations sur la dématérialisation ou leur opinion sur différents jeux. Malheureusement encore une fois, l'auteur montre rapidement ses limites. Ainsi, les questions ne sont pas ouvertes sur un débat mais orientées à l'extrême, et on a l'impression que l'auteur a simplement envie de savoir ce que les interviewés pensent de sa propre opinion. Biaisées car trop fermées, les questions sur certains jeux en particulier occultent complètement tout un pan de l'histoire du jeu vidéo en se concentrant sur une culture Nintendo/Playstation, oubliant qu'il y a également le PC, l'arcade, les consoles SEGA, et bien d'autres choses...
Fautes de frappe occasionnelles et mise en page ultra-simpliste viennent compléter un tableau déjà pas fameux, mais tout n'est pas pour autant tout noir. En effet, les réponses des interviewés sont pour la plupart intéressantes et ce sont eux qui prennent l'auteur à contre courant et relèvent le débat. On prend ainsi plaisir à découvrir le parcours de certains de ces acteurs de l'industrie et leur point de vue sur ce loisir qui les fait vivre.
Conclusion
Passion(s) est un mauvais recueil d'entretiens par le très simple manque de professionnalisme et de recherche de son auteur. Présentant une vision biaisée et fermée de notre passion, celui-ci a très clairement souhaité présenter sa passion à lui, ses peurs, ses idées, en demandant à d'autres ce qu'ils en pensent. Malgré tout, ce serait mentir que de dire que j'ai passé un mauvais moment avec l'ouvrage car les entretiens produisent souvent quelques réponses intéressantes et que leur aspect décontracté contraste avec ce qu'on a l'habitude de voir. Egalement, même si 3 entretiens sur 4 avec des journalistes était un peu trop, il est assez rare de pouvoir en lire et c'est toujours intéressant. En bref, 4.99€ en téléchargement peut valoir le coup pour la curiosité, mais 7.99€ sur papier est bien trop cher, et on espère que, s'il continue dans cette voie, l'auteur saura redresser le tir et enlever ses oeillères.