Sortez vos guitares, Dondolo is Bach. Comme son illustre ainé à perruque, Dondolo compose des mélodies intemporelles qui font mouche. Back to the no future.
C'est brut, direct et les partitions, à peine poudrées, ont la couleur des polaroids qui sentent bon le passé et les souvenirs un peu flous. Un passé composé sans compromis mais avec talent qui touche là où ça fait mal. Spleen Doctor & mélancolissimo. Le cachet de l'album faisant foi.
Un an plus tard l'album de Dondolo me fait toujours le même effet. Une vie de plaisir dans un monde nouveau, sublime chef-d'oeuvre de l'année 2009, sortira finalement en 2010. Allez savoir pourquoi. Symphonie ubuesque pour un monde chelou qui part en vrille. L'industrie musicale est aux abois. La caravane passe. Dondolo observe tout cela de loin avec détachement au volant de sa 406 en clignant de l'œil, l'air de s'en foutre royalement. Punk's Not Dead. Rencontre au sommet de la pop avec Dondolo.
Une définition du plaisir pour toi ?
Je dirais d'abord que l’être vivant est un être de besoins. Je serais aussi tenté de dire que le plaisir est le nom générique de la satisfaction d’un besoin physique, affectif ou intellectuel ou encore de l’exercice harmonieux d’une fonction vitale, vois-tu ? Le plaisir procure à l'être vivant une sensation agréable et recherchée.Le plaisir est un concept employé en philosophie et en psychologie. Il est souvent associé à un mot qui le qualifie: plaisir sexuel, plaisir alimentaire, j'en passe et des meilleurs. Pour finir j'ajouterai que dans le bouddhisme, le plaisir est une sensation physique ; c'est également l'une des vingt-deux facultés.
Voila, en gros, boire, manger, baiser, écouter de la bonne musique en voiture avec un joli paysage qui défile, plonger dans une piscine quand on a trop chaud, s'entourer de choses qu'on trouve belles, courir sous la pluie, regarder mes filles s'amuser, faire du vélo les soirs d'étés, jouer de la guitare fort, savoir qu'on a des amis qui nous aiment, caresser les fesses des filles, sentir les fleurs, s'acheter la pédale d'effet qu'on voulait depuis un moment, gagner une partie de tennis, regarder les nuages passer dans le ciel, écrire une bonne chanson, ne rien faire. Je ne sais pas si j'ai toutes mes 22 facultés là ?
Il est où ce monde nouveau ? Parce que franchement ça a l’air plutôt sympa tel que tu le décris tout au long ces 11 popsongs qui louchent méchamment vers l’indie pop des années 80 du siècle dernier. Hein ?
Je ne sais pas où il est. Dans ma tête certainement, non, en fait il n'existe pas, c'est ça qui est triste. Cet assemblage de mots me fait du bien. Cette vague idée d'un futur radieux, ou tout ira bien jusqu'à la fin. Ca n'a aucune portée sociologique ou géographique, je ne fait pas non plus de futurologie ou de science fiction, c'est plutôt existentiel. Ou trouver les ressources pour continuer à avancer ? Avancer et pour aller où ? Avancer vite pour aller n'importe où, c'est bien je pense. Quand au style je ne le trouve pas si pop indé 80's que ça cet album. Un petit peu sur les bords seulement. Je l'ai réécouté récemment et il y'a vraiment quelques morceaux qui ne ressemblent à rien, comme La vraie vie des milliardaires ou Pendant ce temps là au château, du moins ils ne ressemblent qu'à moi donc je ne ressemble à rien. Un début de commencement de syllogisme tonic. Un si long schisme entre moi et moi.
Tu ne serais pas un peu punk aussi ? Je parle pas au niveau des cheveux parce que chacun fait ce qu’il veut avec ses cheveux. C'est super connu, bref.
Si on s'en tient à mes cheveux, je ne pourrais jamais être punk, ou punk à Crète, à la limite, en vacances en Grèce. J'ai les cheveux trop fins pour me coiffer comme les punks, trop fins pour me coiffer tout court d'ailleurs. Je ne me peigne jamais, pas besoin. Sinon ce que je préfère chez les punks c'est quand même leur musique. J'aime le son des guitares électriques bien sales et les morceaux courts joués à fond les ballons, je partage avec eux un certain nihilisme juvénile teinté d'humour bêbête. J'aime aussi la bière et dire des gros mots et je suis Ok avec le No futur, depuis l'an 2000, il n'y a plus de futur. C'était seulement une date. Les punks n'ont pas dit que des conneries.
Une mélodie réussie pour toi c’est quoi ? Tu ressens quoi concrètement quand tu penses avoir composé une mélodie qui tient la route ? (je ne parle pas du morceau 406 même si je pourrais en fait parce que ce morceau tient particulièrement bien la route).
Le morceau 406 ne fait pas référence à une Peugeot, c'est en fait le nombre de Km qui séparent Marseille, la ville dans laquelle je vis, de Roanne, la petite ville ou j'ai grandi. J'ai souvent la nostalgie de cette verte campagne, des vaches, de cette lumière tristounette. En ce qui concerne la mélodie, moi c'est quasiment tout ce qui m'intéresse dans la musique, tout ce qui me fait vibrer. Ca peut me faire pleurer instantanément une belle mélodie, et quand les textes sont à l'avenant c'est le paradis. Le plaisir d'une bonne mélodie, c'est très fugace, presque indescriptible, comme une odeur. Après je pense que comme beaucoup de chose en art, c'est complètement subjectif, une bonne mélodie pour moi ne l'est pas forcément pour d'autres, la mélodie ça fait appel aux souvenirs, à plein de choses enfouies. Ca dépend de notre histoire et de notre parcours.
Sur la chanson Shimera, tu dis : "Je ne vis plus ici bas/ Il n’y a plus d’autres comme moi/ Je suis d’autrefois/ Plus aucune photo de moi… j’attendais sur Shimera". C’est beau, mais tu attends quoi sur Shimera en fait ?
Là je me suis glissé dans la peau de représentants d'espèces destinées à disparaitre à plus ou moins long terme, un ours blanc, un indien, un pygmée de la forêt vierge, un vieux paysan de la creuse, un aristocrate, un homme de Néandertal, un punk à chien, etc, etc... Des choses et des êtres qui appartiennent au passé, qui regardent leur monde changer et qui n'ont pas envie de monter dans le train même si ça signifie qu'ils vont certainement en crever car la marche du monde est ainsi faite, il faut évoluer ou mourir. C'est comme ça et ça m'émeut vraiment. Shimera, c'est un endroit fictif ou tous ce petit monde pourrait retrouver un peu de ce qui a fait leur vie. Une espèce d'arche de Noé, une sorte de zone tampon ou après s'être fait chasser, exterminer, ils pourraient regarder le monde s'écrouler en rigolant. Bien fait pour vous! C'est aussi le seul morceau en Français de l'album, il ne passera pas pour autant dans les radios de notre beau pays.
On sent une certaine tristesse qui se dégage sur l’ensemble de tes chansons alors qu’en vrai t’es plutôt un mec rigolo, avec toujours une bonne blague d’avance dans ta besace. Comment tu expliques ce jet lag entre l’homme (toi) et l’artiste (toi).
Chez moi c'est naturel, je suis quelqu'un d'assez angoissé, inquiet et mélancolique de nature alors je compense par la rigolade, ça désamorce, je prends du recul, j'essaye de prendre l'ascendant sur mes petits démons intérieurs, on en a tous. Ainsi je ne bascule jamais vraiment, je marche sur un fil péniblement, je tiens l'équilibre, je ne tombe pas. La musique sert de catalyseur à ma tristesse congénitale, je mets ça dedans, dans les mélodies, les grilles d'accords, les nappes de synthé, les choeurs. Après je peux aller faire des blagues avec les copains sans emmerder le monde avec mes états d'âmes et jouer à l'artiste torturé.
C’est un genre que tu te donnes ou on est forcément un peu schizophrène, quand on écrit des chansons ?
Oui c'est un genre que je me donne, j'adore me donner des genres, après je me les rends si j'ai été sage. Alors non, non, je ne me partage pas en deux, ces deux caractéristiques font parties intégrantes de ma personnalité, quand je me met à faire la musique, je ne calcule rien, il en sort ce qu'il en sort. C'est salvateur. Par le biais de la musique je peux dire les choses que je n'arrive pas ou que je n'ai pas envie d'exprimer dans ma vie de tous les jours, pour un grand timide comme moi c'est très pratique. En plus je parle de tout un tas de choses qui n'ont pas toujours rapport avec moi et mon nombril non plus hein, je sais aussi faire des chansons débiles sans vrais sujets, juste pour le fun. Je sais faire plein de trucs, tu serais surpris...
Tu penses être un chanteur à succès finalement ou bien ?
Comme Elvis Presley ou Claude François ? Pas du tout, j'ai complètement compris que je ne serai jamais un chanteur à succès, car il me faudrait pour ça avoir une énorme quantité de fans. Il faudrait que j'apprenne à chanter, aussi, et puis moi je m'arrange toujours pour qu'un truc foire, c'est pour tout pareil, c'est plus amusant faut croire. Il faudrait vraiment un concours de circonstance étrange, un miracle, la visite d'une fée, de la magie blanche ou bien peut être que je change de style de musique.
Tu connais Young Michelin ? Tu en penses quoi ?
Euh...J'en ai entendu parler en bien et je suis allé sur leur MySpace pour écouter un pneu. Et là sans rire c'est vraiment super bien, ils ont tout bon sur toute la ligne, je leur souhaite bon courage et bonne chance. Mais pourquoi cette question au fait ?
Dondolo // Une vie de plaisir dans un monde nouveau // Division Aléatoire
http://www.myspace.com/dondolo8