[NOUVEAU MONDE INFO AVEC SLATE MAGAZINE] Et
une pièce de plus à verser au dossier des crimes de l’administration Bush... C’est une nouvelle vérité, une de plus, qui vient éclabousser la sinistre litanie de mensonges martiaux déroulée par
la propagandastaffel de l’administration la plus incompétente, manipulatrice et criminelle de l’Histoire américaine. Selon un document officiel que s’est procuré le quotidien britannique The Times, George W.
Bush, Dick Cheney et Donald Rumsfeld savaient que des centaines d’innocents avaient été envoyés à Guantanamo, mais ont refusé de les libérer de peur que cela soit perçu comme un aveu de faiblesse
et d’incohérence ! En réalité, parmi les 742 prisonniers que le camp de détention comptait en 2002, « la plupart n’avaient pas été arrêtés par les forces américaines » mais vendus
5000 dollars par tête aux Etats-Unis. C’est le colonel Lawrence Wilkerson, directeur de cabinet de l’ancien secrétaire d’Etat américain Colin Powell entre 2002 et 2005, qui a fait ces
déclarations fracassantes le 24 mars dernier, publiées par The Times ce vendredi 9 avril.
Les accusations lancées par Lawrence Wilkerson sont en fait contenues dans un document de soutien à une plainte pour
torture et mauvais traitements déposée devant un tribunal fédéral de Washington par un ancien détenu de Guantanamo, le Soudanais Adel Hassan Hamad, qui demande aujourd’hui des compensations aux
Etats-Unis. Ce travailleur humanitaire avait été enlevé par des hommes armés dans son sommeil à Peshawar en juillet 2002 et envoyé à Guantanamo en mars 2003, pour une raison qu’il ignore toujours
aujourd’hui. Il a été libéré en décembre 2007. Et Lawrence Wilkerson de souligner : « aucun élément à charge n’accompagnait le prisonnier, et il n’y avait pas de moyen de savoir pour
quelle raison il avait été arrêté au départ ». Sa plainte en Habeas corpus, contestation du bien-fondé de sa détention, ainsi que celle de 104 autres anciens détenus de Guantanamo, a été
rejetée au début du mois par un juge de la capitale américaine. Celui-ci a estimé que ces hommes ayant été libérés, leur action en justice s’éteignait.
Mais les déclarations de Lawrence Wilkerson ne s’arrêtent pas là. Elles visent également le plus haut sommet de l’Etat, à travers le vice-président
Dick Cheney et l’ex-secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld. Tous deux savaient que la majorité des personnes détenues en 2002 sur la base étaient innocentes, mais il leur était
« politiquement impossible de les relâcher » afin de ne pas « révéler la confusion incroyable » qui entourait les conditions de détention à Guantanamo. « C’est la
première fois qu’un haut placé de l’administration Bush lance de telles accusations », écrit le quotidien britannique. Et pour cause : concernant Dick Cheney, décrit comme un personnage
froid, cynique, calculateur et manipulateur, le colonel Wilkerson, qui a derrière lui une carrière de 31 ans dans l’armée américaine, écrit : « il n’avait absolument aucun problème avec
le fait que la grande majorité des détenus de Guantanamo étaient des innocents... Si des centaines d’innocents devaient souffrir pour qu’une poignée de vrais terroristes soient détenus, cela en
valait la peine ». En somme, le maintien d’innocents se morfondant à Guantanamo pendant des années était justifié par la logomachie et la novlangue politiquement correcte qui accompagnait la
War on Terror, conçue comme une vaste opération de communication et de marketing pour se tailler la part du lion dans un segment de clientèle électorale gagnée par la paranoïa. Le petit nombre de
terroristes responsables des attentats du 11 septembre 2001 constituaient le meilleur faire-valoir de leur chantage idéologique à la peur.
Autre personnalité mise en cause – et non des moindres : l’ancien président américain Georges W. Bush
himself. « J’ai parlé au secrétaire Powell des détenus de Guantanamo. J’ai appris qu’il était avisé que ce n’était pas seulement Cheney et
Rumsfeld, mais également le président Bush, qui étaient impliqués dans tout le processus de décision concernant Guantanamo », a précisé Wilkerson dans sa déclaration. La sortie de son ancien
bras droit a reçu l’appui du général Colin Powell – qui a quitté l’administration Bush en 2005, écœuré du spectacle honteux donné
par cette camarilla de fanatiques dissolus et immoraux – conscient que certains détenus de Guantanamo avaient été arrêtés « à l’âge de 12 ou 13 ans, ou de 92 ou 93 ans ». La plupart des
détenus n’avaient, en fait, jamais vu un soldat américain de leur vie au moment de leur arrestation ; la plupart ont été dénoncés par des Afghans et des Pakistanais en échange d’une
récompense de 5000 dollars.
Le président Barack Obama avait promis, pendant sa campagne, d’ordonner la fermeture de Guantanamo. Pour l’heure, il
y a renoncé, en raison de la complexité politique, judiciaire et humanitaire que représente le sinistre camp de la base américaine de Cuba. Le cortège orange des prisonniers déshumanisés et
détenus arbitrairement va donc continuer, au mépris du droit et de la justice.
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