Saint Exupéry aux enchères : un film du voyage à Montréal

Par Actualitté
Le 18 mai prochain, la maison Sotheby's de Paris mettra aux enchères un film exclusif et inédit sur Antoine de Saint-Exupéry. Ce documentaire d'une minute et cinquante secondes présente l'écrivain en compagnie de son épouse Consuelo, alors qu'ils naviguent tous deux sur un lac non loin de Montréal.

Ce film tourné sur un matériel coûteux pour l'époque, un Kodachrome en 16 mm est l'un des rares documents du séjour, en avril 1942, de Saint Ex à Montréal qui nous soit resté. Le Kodachrome est un produit datant de 1935, et créé par Kodak, donnant un rendu plus net et une belle qualité de couleurs. Quant au 16 mm, c'est le matériel des professionnels au cours du XXe siècle.

Pour Madame Frédérique Parent, l'experte de la maison Sotheby, ce film est une denrée précieuse, parce qu'il n'en existe que trois à sa connaissance. « On en connaît un où il tire au ball-trap sur le Normandie et un autre où il est sur le tarmac près de son avion. Mais tous deux ne durent que quelques secondes. Là, l’écrivain entouré de femmes, sous l’œil vigilant de Consuelo à la barre, joue au séducteur, raconte des blagues et rigole.
C’est une vision totalement inattendue de Saint-Ex, pourtant à ce moment-là malade et déprimé, qu’a filmée le propriétaire du bateau, à bord duquel celui-ci a été convié
.» (source)
Ce voyage à Montréal, Saint Ex le doit à son éditeur Bernard Valiquette, qui lui permet de donner des conférences durant le mois de mai. Sauf que cette période fut assez houleuse pour lui et Consuelo. Elle découle d'une première fuite aux États-Unis, qui se prolonge par le départ pour le Canada. « Ce séjour en face du téléphone et le nez contre la frontière est un véritable supplice chinois », raconte-t-il dans une lettre à Nathalie Paley.
En outre, deux mois plus tôt, le livre Pilote de guerre était sorti à New York, et les témoignages font part de réactions assez hostiles au sein de la communauté francophone et plus particulièrement française. Doit-on y lire l'ouvrage qui entérine la défaite de la France, et donc une logique collaborationniste, ou tout au contraire, un plaidoyer pour une entrée en résistance ?
Le film est estimé entre 30 et 50.000 € et quiconque le souhaite peut le visionner sur simple demande. Il se conclut avec un petit livre où l'on découvrira un dessin préfigurant ceux du Petit prince. Juste un mot l'accompagne : « C'est moi en train de découvrir Le Canada - et je suis émerveillé… J'y reviendrai... Antoine de Saint-Exupéry et Consuelo »