Les souliers rouges
Anne Sexton
The Red Shoes/Les souliers rouges, par Anne Sexton.
Je me tiens dans le cercle
De la ville morte
Et aux rubans des chaussures rouges
Tout ce qui était coquillage
Est à moi, la montre avec une fourmi marchant,
Les orteils, en rang comme des chiens,
Le poële, bien avant qu’il ne fasse bouillir les crapauds,
Le salon, blanc en hiver, bien avant les mouches,
La biche allongée sur la mousse bien avant la balle.
Je noue les souliers rouges.
Ce ne sont pas les miens.
Ils sont à ma mère.
Et à sa mère avant
Transmis comme un héritage
Mais cachés comme des lettres honteuses.
La maison et la rue auxquelles ils appartiennent
Sont cachées et toutes les femmes, aussi,
Sont cachées.
Toutes ces filles
Qui portent des souliers rouges,
Toutes sont montées dans un train qui ne s’arrêtera pas.
Les stations s’envolent comme des prétendants et ne s’arrêtent pas.
Elles dansaient toutes comme la truite accrochée à l’hameçon
On a joué avec elles.
Elles se sont arrachées leurs oreilles comme des épingles à nourrice.
Leurs bras sont tombés et devinrent des chapeaux
Leurs têtes ont roulé et chanté le long de la rue.
Et leurs pieds -oh mon dieu, leurs pieds sur la place du marché-
Leurs pieds, comme deux cafards, ont couru depuis le coin
Et ont ensuite dansé comme s’ils étaient fiers.
Certainement, les gens se sont exclamés
Certainement ils sont mécaniques. Sinon…
Mais les pieds continuaient.
Les pieds ne pouvaient s’arrêter.
Ils se dressaient comme un cobra qui te voit.
Ils étaient un élastique qui s’étire en deux.
Ils étaient comme des îles pendant un tremblement de terre.
Ils étaient comme des bateaux entrant en collision et coulant.
Peu importe toi et moi.
Ils ne pouvaient écouter.
Ils ne pouvaient s’arrêter.
Ce qu’ils faisaient étaient la danse de la mort.
Ce qu’ils faisaient les ont possédés.
Traduction approximative par moi-même… Le texte original est là.