Samedi 3 Avril, 20h10.
En bout de queue, à 100m de l'entrée, sous la pluie, abrité sous ma capuche. Le climat n'était décidément pas à l'heure californienne. Le programme a changé par rapport à ce qui a été annoncé il y a quelques semaines : Warren G ayant reporté sa tournée, Bishop Lamont (qui l'accompagnait) a lui aussi été annulé, Lady Of Rage pareil, c'est donc DJ Quik qui joue les remplaçants de luxe.
20h20-21h30
Enfin au chaud et au sec, la salle est à moitié remplie, des poppers font quelques mouvements : rien n'a encore commencé. Ouf ! J'en profite pour me poster dans les gradins, attendant que démarre la Battle de Popping : huit candidats inscrits, DJ Fly aux platines avec du gros son Westcoast, Nasty réveille les gens du mieux qu'il peut, Poppin Richard seul juge égalent du très bon spectacle, parfois mieux qu'une première partie ratée. Clin d'oeil à la seule danseuse du lot, Saya, qui malheureusement a perdu en quart de finale mais pas dans le coeur du public, qui a hué l'arbitrage jugé injuste. Mais bon, comme dans le sport, on ne discute pas de la décision.
21h45-22h50
Un brouillard commence à emplir la salle. Logique : il n'y a pas de show Westcoast sans fumée. Sinon, c'est que vous vous êtes gourré d'endroit. Les pictogrammes d'interdiction de fumer dans la salle du Transbordeur seront inutiles ce soir, fuck le décret. A ce moment-là, DJ Crazy Toones (qui en est à sa seconde participation consécutive à L'Original) et le staff arrivent sur scène, ce qui fait immédiatement réagir le public. Les américains se sont mis à l'heure française, ce qui mérite d'être félicité ! Crazy Toones, c'est le DJ officiel de WC a/k/a Dub-C, qui succède cette année à un autre westside connected, Ice Cube, tête d'affiche de l'édition 2009 du festival.
Après l'intro, ça commence très fort avec « This is Los Angeles », principal single de son dernier album Guilty by Affiliation, son dernier album produit par Ice Cube. WC est en mode 'all black everything', armé d'une canne. Des vagues de signes W déferlent dans le Transbordeur alors que c'est juste le premier morceau. Quel monstre, quelle présence, il sait y faire avec le public du 'six-nine' ! Il enchaîne ses propres classiques (comme « Cheddar ») et ceux de la Westside Connection (son homme de main passait à chaque occasion avec un T Shirt du groupe affichant le signe W de la main), notamment le terrible « Make It Reign » et « The Gangsta, The Killa and The Dope Dealer ». Oubliées les histoires de tension avec Mack 10, Dub-C représente la Westside Connection à lui tout seul, quoi qu'il arrive. Il n'en faut pas plus pour allumer le feu aux spliffs. Il prends beaucoup de plaisir, et nous tous aussi. Puis il faut le voir se déplacer par des pas de C-Walking ! D'ailleurs, il fait monter deux personnes du public sur scène (un garçon et une fille) exécuter avec lui quelques pas de danse sur le remix de « Get Your Walk On » d'Xzibit.
On a pu voir WC de près
Après une gorgée de Henessy, Dub C repart avec un autre morceau solo phare, « The Streets », une production 'à la Dr Dre' où l'on entend en fond le refrain de Nate Dogg. Grandiose, mais c'est pour nous préparer à ce qui suit : « Bow Down », bien repris en choeur par le public. WC en profite pour placer quelques mots sur son prochain disque chez Lench Mob, qui s'intitulera Revenge of the Barracuda. À cet instant en coulisse, on lui indique qu'il a un peu dépassé ses cinquante minutes de set. Il balaie ça d'un « fuck that » et DJ Crazy Toones balance « Gangsta Nation ». Whoa! Bon cette fois, c'était vraiment la dernière, et le public (pas seulement lyonnais en réalité) le salue comme il se doit. On ne savait pas WC un excellent showman !
23h-Minuit
Après quelques parties rapides de Bubblebreaker sur mon smartphone (faut bien trouver une occupation en attendant la suite), il se passe du chahut dans la foule. Les photographes se pressent sur l'estrade de la scène pour photographier ce qu'il se passe, les lumières s'allument : les spectateurs sont agglutinés autour de DJ Quik qui a décidé de prendre un raccourci vers la scène. Et il y arrive entier, pour son tout premier et unique concert en France. C'est un David Blake aux cheveux défrisés qui se présentent à nous, prêt à relayer WC. « Compton is in da house ! » cependant la température grimpe péniblement en choisissant un premier morceau récent pour démarrer son set. Sans vouloir manquer de respect à cette légende de la West, Quik (40 ans cette année) manque cruellement de charisme, mais sa présence est réelle. Vous verrez par après que, d'une certaine façon, il peut très bien donner de sa personne.
L'atmosphère devient sensiblement plus chaleureuse lorsqu'il entonne ses grands classiques comme « Black Pussy » et « Born & Raised in Compton ». Avec entre temps une séquence émotion lorsqu'il réclame une pensée pour Eazy-E mais surtout pour Michael Jackson. Son DJ (dont je n'ai pas retenu le nom), à la technique brillante, place alors un mix de « Billie Jean ». Puis le show repart de plus belle avec « Pitch in on a Party » qui rencontre un vif succès. Au point de retourner dans la fosse à la rencontre de ses fans. C'est marrant de voir comment Quicksta est dans son trip une fois le micro en main, un vrai cauchemar pour son garde du corps (un bestiau de 150kg environ) qui ne sait plus où donner de la tête. Le producteur/MC aime manifestement être comprimé dans la fosse. Il finit bien par en être extrait pour lancer un autre morceau phare, « Safe & Sound », son DJ posant au passage d'excellentes phases de scratch. « Let's Get Down » ne fait peut-être pas partie de son répertoire personnel, ce qui n'a pas empêché les gens de chantonner en choeur le refrain de ce titre des Tony! Toni! Tone! sur lequel DJ Quik pose en feat.
Très concentré DJ Quik
Alors que Quik s'est isolé dans un coin de la scène à l'abri de son imposant homme de main, Dub-C revient de l'autre côté la scène, pour le fun. Hop, ils font quelques pas de Crips ensemble avant que leur DJ balance l'instru du mythique « Dollars & Sense ». Le set atteint son apogée, et Quik retourne se jeter une nouvelle fois dans la fosse... Et ce n'est pas la dernière fois qu'il y retournera. Une fois remonté sur scène, le rappeur a soif et demande à Dub-C s'il lui reste du Hennessey. Ayant fini sa bouteille, son assistante lui en ramène une expressément, en attirant notre attention sur le fait que leur breuvage favori provient de notre bon terroir. Puis vient le moment le plus improbable de la soirée : DJ Quik balance sa chaîne en or dans le public ! Tout le monde est stupéfait mais ça n'a pas dégénéré. C'est alors qu'arrive son dernier titre, avant de quitter la scène. En fait non, il revient terminer a capella et cette fois jette sa veste en cuir, avant de partir pour de bon cette fois. WC revient faire un tour nous filmer pour son DVD.
Exit
Quelle soirée mémorable ! Je n'en reviens toujours pas... Alors que je m'apprête à quitter les lieux, Dub-C me passe juste à côté pour rejoindre le stand à l'entrée pour une séance de dédicaces. En plus d'être là à l'heure, les stars de L.A. ne se sont pas du tout privés de satisfaire leur public français. Et dehors, il ne pleuvait plus et mes vêtements sont imprégnés de senteurs herbacées.