Hier, on annonçait 450.000 ventes, mais avec le mouvement, on doit sûrement avoir dépassé les 500.000 exemplaires arrachés aux vendeurs des Apple Store américains. Faut tout de même être un peu tâche pour se précipiter sur le modèle qui n'a même pas d'accès 3G. Enfin.
Voilà près d'un mois et demi, nous nous interrogions sur les relations entre le piratage de livres et l'arrivée de cette tablette. La généralisation des oeuvres en version numérique, destinées à être lues sur la tablette va provoquer une réelle augmentation des stocks disponibles. Entraînant probablement une montée du piratage. Et ce, alors même que les éditeurs voient en cet objet un outil de vente et une menace potentielle contre le livre papier.
Bipolaire à tendance barjot
De cette relation complètement schizophrénique découle pourtant toutes les angoisses des uns et des autres. Apple est tout à la fois appelé (des voeux de beaucoup) à devenir un catalyseur pour l'industrie naissance et maudit (par rituel vaudou interposé) pour la menace qu'il représente. Pourtant, le coup du modèle d'agence pour la vente des ebooks, cela a rassuré tout le monde.
La question que pose Torrent Freak, à 1 million $ est : est-ce que ces craintes sont justifiées. À mon humble avis, l'interrogation plus pertinente et pas simplement parce qu'elle dépasse le million d'euros, c'est : quel comportement est le plus justifié ?
Observons deux ou trois papillons
Les résultats enregistrés par nos confrères sur la consommation de livres numériques sont les suivants : en examinant les 10 livres les plus vendus sur Amazon, ils ont constaté qu'aucun d'entre eux n'était disponible sur BitTorrent, pas plus que vie des services d'hébergement, ou du réseau UseNet.
Observation tout à fait intéressante, que l'on pourrait faire en France. En croisant les meilleures ventes de FNAC et Amazon, on retrouve un auteur comme Musso, ou encore Les Écureuils de central Park sont tristes le lundi, de Katherine Pancol ou encore La méthode Dukan illustrée.
Petit tour sur Vuze, pour vérifier : toute recherche effectuée sur Musso nous renvoie à des livres audio, mais absolument rien sur son dernier ouvrage, La fille de papier. D'ailleurs, la politique de XO est connue concernant le numérique : pas de numérique. Pour les écureuils, c'est le néant, et ainsi de suite pour les oeuvres actuellement dans le classement des meilleures ventes.
D'un autre côté, l'iPad n'est toujours pas arrivé en France. Mais ces indications peuvent servir en dehors du simple cadre de la tablette d'Apple...
Même en BD, pourtant sujet sensible...
Même le roman graphique de Young Kim, Twilight, adapté de la série du même nom (et paru chez Pika) n'apparaît pas. Que ce soit en anglais ou en français par ailleurs. Peut-être parce que l'application gratuite existe déjà, non ? Conclusion... cela confirme qu'en France, on n'a vraiment pas d'offre contemporaine intéressante.
En revanche, chez Torrent Freak, un tout autre test a été effectué, avec les meilleures ventes des livres de poche. Pour le coup, 6 sur les 10 premiers étaient sur BitTorrent - et ainsi on peut avoir un aperçu assez représentatif de ce que la toile contient.
Rien dans les mains, ou en nouveautés : Tout dans les poches ?
Autre surveillance : les ebooks illégalement présents sur le réseau, qui ont été observés une semaine avant le lancement de l'iPad et durant les jours qui ont suivi, soit près de deux semaines. L'augmentation des téléchargements de ces fichiers est de 78 % en moyenne, et évidemment, tous ont connu un boom, après le lancement de l'iPad. Pour certains ouvrages, comme celui de Freakonomics, on a dépassé les 100 % d'augmentation de download.
Alors que faut-il en conclure ? D'abord, que le piratage, en France ou bien outre-Atlantique, on en est encore très loin. Et que la mode n'est pas aussi répandue que pour la musique ou les films. Pas vraiment très rassurant. Les proportions entre ces univers sont extrêmement faibles. Peut-être justement parce que le nombre de possesseurs d'un iPad est encore lui-même faible. Non ?
L'avenir du livre de poche est à ce titre l'un des plus menacés, c'est une évidence, parce que le live numérique a tout de même vocation à prendre une place qui est la sienne, sur un créneau tarifaire qui s'en approche doucement...
Pirate, c'est un gros mot ?
En outre, si l'offre légale n'est pas développée, l'offre piratée ne l'est pas non plus beaucoup plus. Et dans tous les cas, on achètera pour quelque temps encore, plus facilement un livre dans une librairie - physique ou en ligne - qu'on ne trouvera sa version piratée.
Cela dit, il faudra TOUJOURS garder à l'esprit qu'une oeuvre illégalement téléchargée N'ÉQUIVAUT PAS à la perte d'une vente. La chanson que l'on télécharge n'avait obligatoirement vocation à être achetée par la suite. Sauf que désormais, les outils permettant de goûter un album ou un titre via des Deezer ou des YouTube se multiplient. Donc les raisons de télécharger, pour découvrir, prennent un coup. Mais tout n'est pas sur ces deux plateformes, dans tous les cas...
Et pour répondre à la question, angoisse ou enthousiasme, lequel des comportements est le plus justifié, c'est assez simple. Aucun. Toujours la voie médiane...