Steve McQueen (qui m’avait beaucoup déçu à Venise) a conçu un hommage aux militaires anglais morts en Irak, pour leur Reine et leur pays, Queen & Country, visible à la National Portrait Gallery à Londres jusqu’au 18 juillet. Un meuble en bois comprend des tiroirs verticaux coulissants (comme les rayons d’une ruche…) sur lesquels sont montrés, sous forme de timbres-poste, les portraits de 160 militaires tués au champ d’honneur, du Private au Major (les généraux meurent rarement au combat…). Ci-contre le caporal Ben Nowak, des Royal Marines, mort le 12 novembre 2006 à l’âge de 27 ans.
Ce monument aux morts est ainsi enfermé dans un cabinet de bois, dans une salle de musée, alors que ces images multipliées ne demandent qu’à être diffusées, disséminées, vues par tous. Mais le Post Office refuse d’éditer ces timbres, voulant respecter la douleur privée des familles : douleur privée, commémoration publique. Dans des pays combattants (Etats-Unis, Israël) on ne montre pas les cadavres des soldats morts : propagande ou mauvaise conscience.
Dans d’autres (latins en particulier), le corps du héros est objet de monstration, de vénération.
Il n’y a pas encore de soldat inconnu britannique en Irak.
Dans ce même musée, voir les portraits d’Irving Penn (jusqu’au 6 juin)