Mon dernier livre se terminait par quelques paroles brèves, glanées de-ci, ou bien de-là, dans mes carnets d’atelier. En voici d’autres, récoltées récemment :
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A trop se chercher, on risque de se trouver mal.
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Au dessus de la porte de l’atelier, écrit à l’encre, côté jardin, "Travailler, pas produire".
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Le juste milieu n’est surtout pas au beau milieu.
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Le comble, pour un dessinateur, serait d’être effacé.
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La peinture ne mourra jamais : on aura toujours besoin de parler à ceux qui sont partis.
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Le fleuve recommence autrement. J’apprends cela de lui.
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Résister aux lieux communs :
Bon nombre de peintres ont affirmé d’un air profond “entrer en peinture comme on entre en religion”.
Non, on ne peint pas par lâcheté.
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« Tiens-toi à carreaux ! », ai-je lancé l’autre jour à un faux-peintre.
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« Tu as pris des couleurs ! », me dit-elle.
Je venais de l’atelier.
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Ce gars s’écoute parler. Aujourd’hui, je ne vaux pas mieux, je me regarde peindre.
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Une toute petite table, une toute petite lampe, un tout petit pinceau, un tout petit papier, cela m’est égal, si j’ai une grande solitude.
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Ni produire, ni reproduire. Peindre.
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Début d’une lettre à un galeriste : « Monsieur, j’ai ici quelques toiles qui ne demandent qu’à sortir de l’atelier ».
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Depuis quelques temps, la Loire coule des jours heureux. Décidément, j ’ai tout à apprendre du fleuve.
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Enseigner ce que l’on pratique et pratiquer ce que l’on enseigne ? Ni l’autre.
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Je vais au jardin récolter quelques idées.
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Le tableau, c’est le souvenir de la peinture.
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A l’atelier : lorsque je ne comprends plus ce que je fais, alors je comprends qu’il y a peinture.
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Chaque matin, l’encre de Chine, de but en blanc.
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La couleur est grisante.
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Qui a dit que les peintres n’avaient pas les pieds sur terre ?
Je travaille au sol des grandes peintures chargées d’ocres.