Elles seront cinq à ne pas avoir le droit de venir en aide aux bénéficiaires des Restos du cœur d’Albi, en cette saison 2007-2008. Cinq qui, après plusieurs années au service des plus démunis, quatorze ans pour la plus ancienne, ne seront plus autorisées à distribuer, à échanger un sourire et quelques paroles avec ces personnes auxquelles elles ont consacré tant d’heures, sans les compter, uniquement pour leur permettre de bénéficier de ce nécessaire auquel chacun de nous devrait avoir droit.
Devinez leur surprise, en ce début de saison, lorsqu’elles ont appris qu’on ne voulait plus d’elles. Leur surprise encore plus grande lorsqu’on ne leur a pas fourni la moindre raison, ni officieuse ni officielle, à cette exclusion. Leur surprise toujours lorsqu’elles ont été convoquées pour passer devant le « tribunal des Restos » qui leur signifiait cette exclusion qui fait si mal.
Elles n’étaient pas toujours d’accord avec la responsable ; elles le faisaient parfois savoir, avec leur caractère, posé pour certaines, plus trempé pour d’autres. Serait-ce cela qu’on leur reproche ? De ne pas avoir été des moutons ou des béni-oui-oui ? Le fondateur des Restos en était-il un ? Le fondateur des Restos aurait-il aimé travailler avec des collaborateurs dociles et soumis ? Mais la responsable des Restos du cœur d’Albi n’est pas Coluche.
Cette dernière n’arrivait pas à ses fins. Qu’à cela ne tienne, le responsable départemental se chargera du « sale boulot ». Une lettre signifiant à une future exclue que l’on ne « souhaite pas qu’elle fasse acte de bénévolat » pour cette saison. Une proposition inacceptable à cette même personne. Viennent ensuite les convocations pour les quatre autres. Et le fameux passage devant leurs collègues qui ont voté leur exclusion.
Mais une volonté à toute épreuve, forte de leur désir de continuer à œuvrer au contact des bénéficiaires, rend caduque cette première opération.
Alors, le grand jeu est sorti : tous les bénévoles sont « démissionnés », une nouvelle inscription est planifiée. Et, bis repetita, nouvelle proposition factice : « Soit vous acceptez, soit nous ne vous inscrivons pas en tant que bénévole » !!!
De convocations ridicules en « tribunal » bidon, d’exclusion sans fondement en démission collective, « nos » deux responsables n’auront reculé devant rien pour arriver à leur fin, pas même au recours à la diffamation et à la diffusion de fausses rumeurs.
Il reste dorénavant aux cinq ex-bénévoles à se reposer sur la direction nationale, afin d’obtenir un jugement équitable et la réparation de ce qu’elles considèrent comme une injustice, injustice qui va à l’encontre de la mission que se sont fixés les Restos du cœur.
Il reste aussi, et surtout, les paroles réconfortantes des bénéficiaires croisés dans les rues d’Albi et qui, en découvrant ce qui s’est passé, n’en croient pas leurs oreilles. Les agissements de tel ou tel responsable ne sont rien face à des bénéficiaires qui affirment : « La nourriture, c’est important. Mais le plus important avec vous, c’est que vous aviez toujours le sourire et des paroles réconfortantes ».
Les responsables actuels pourront s’arrangeront avec leur conscience, entourés d’une équipe toute acquise à leur cause.
Les « exclues » garderont pour toujours leurs souvenirs des moments passés au contact de tous les gens auxquels elles ont toujours tenté d’apporter du réconfort ; elles garderont en mémoire leurs sourires, leurs saluts, les paroles échangées. Et la satisfaction d’avoir agi en faveur de ceux qui souffrent, dans la droite ligne de ce que souhaitait Coluche que trop de monde a tendance à oublier aujourd’hui.