Vendredi 9 avril 2010. Hôpital Pellegrin. Dix heures. Temps clément. Groupe de parole avec un thérapeute et des anorexiques adultes dont un homme.
Le psy demande : Essayez de métaphoriser votre anorexie.
Une patiente dit : Pour moi, c'est une maison où il n'y a plus les meubles.
Une autre dit : Moi, je vois une toupie au centre de ma tête.
Le psy demande : Une toupie comment ?
Elle répond : Une toupie en plastique vert.
Une autre encore dit : Pour moi, c'est une caisse. Elle me contient et je la contiens.
Le psy hasarde : Un cercueil, peut-être ?
Elle répond : Non, la caisse du Petit prince !
Le psy se tourne vers l'homme, le seul : Et vous ?
L'homme dit : Moi c'est un coach ! Il me répète sans cesse d'arrêter d'être gras du bide.
Le psy, enfin, s'adresse à celle qui n'a pas encore parlé.
Elle dit : MOI, J'AI DES SANGSUES DANS LA TETE !
Voilà, je voulais en arriver là, à cette image des sangsues qui pompent le sang du cerveau, ces sangsues bénéfiques et maléfiques à la fois... Epouvantable, non ?