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De mettre en scène – l’homme cirque

Publié le 09 avril 2010 par Isaac_paris
De mettre en scène – l’homme cirqueTout commence par un petit tour qui en dit long. Un petit tour sur soi, en équilibre sur un pied, les mains occupées à enfiler et lasser une chaussure et le regard tout sourire fixé vers le public. Ça ressemble à un gage pour un pari perdu mais ça tient en haleine un chapiteau et ça déclenche un tonnerre d’applaudissement à la fin. C’est du cirque, voilà tout.
Au temps des mondes virtuels et des réalités augmentées, le matérialisme forcené de David Dimitri est offensif. Son spectacle n’est pas une série d’images que l’on admire confortablement assis dans ses habitudes comme devant son téléviseur (les fauves, les chevaux, le clown…) mais plutôt une succession de frissons et d’émotions, que seuls les ah et les oh savent délivrer. Ce n’est pas un cirque qui nous rappelle notre enfance, c’est un cirque qui rappelle au galop la simplicité de l’enfant en nous.
On assiste émerveillés à un numéro équestre sur cheval de bois, un saut périlleux avec accordéon, une danse sur fil de fer et trompette. L’artiste joue, s’amuse, et le plaisir est partagé. La tension aussi. Lorsqu’il nous fait partager son angoisse face au numéro. Ici la matière est réelle et les corps chutent. Le sac lourd sur la bascule. L’acrobate de son fil. Rien ne nous est épargné.
Pourtant c’est un spectacle merveilleux de voir cet homme cirque se battre contre l’apesanteur et s’envoler dans les airs à plusieurs mètres au dessus de nos têtes. Tantôt par une bascule. Tantôt par un canon. Parfaitement mis en scène, la musique à suspense, la combinaison, la mèche enflammée, la fumée… Le claquement qui fait sursauter et l’homme canon propulsé droit devant, se rattrape au vol à une corde et rebondit sur la toile du chapiteau. Extraordinaire.
Le final est grandiose : par une ouverture dans le toit du chapiteau, le fil-de-ferriste sort à l’extérieur et se transforme en funambule. Le public le suit au dehors et dans la nuit, à plus de 13m de hauteur, l’homme et son balancier s’avance lentement. Pas un bruit dans la ville. Les mètres parcourus paraissent des kilomètres et l’on frémit à chaque pas si haut, si loin. Enfin, les applaudissements explosent lorsque l’artiste arrive à son point culminant.
Cesson-Sévigné a choisi de développer les arts dans la ville et l’on comprend ici l’intérêt du projet. Lorsque l’artiste redescend et se réfugie sous son chapiteau après avoir salué son public, il nous laisse ensemble dans la ville familière. Habitée soudain des rêves et de nos yeux grands ouverts.
« Le monsieur, il attrape les étoiles » m’a dit l’enfant à côté de moi. Vous aviez de la chance ce soir, David Dimitri, vous marchiez au milieu des étoiles. Et pour les spectateurs qui ont levé le nez grâce à vous, ce sont maintenant ces étoiles qui habitent la ville.
df.

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