Pas mal de comptes rendus en retard dont un sur le concert que Stefano Bollani a donné, il y a un mois environ, à Bruxelles. On y allait avec, notamment, en point de mire, le fait qu'il se produira cet été à Souillac dans la même configuration (piano solo). Que, parmi celles et ceux qui n'avaient pas réservé, certains s'en soient mordu les doigts (et combien je les comprends) n'est pas, quelque part, pour nous déplaire: Bollani fait venir du monde. Et c'est tant mieux car sa prestation fut fulgurante. Derrière ses cheveux hirsutes, sa barbe garnie et son allure déglinguée, Bollani nous donna à entendre un festival pianistique de haute volée.
Autour d'un concert résolument narratif (on se serait cru quelquefois au cinéma), Bollani déployait des séquences lyriques, sombres, marrantes, émouvantes... tout ça dans un mélange des genres où sa touche de pianiste de formation classique perçait volontiers. On applaudissait à tout rompre dans ce festival flamand et ce jusqu'au rappel où Bollani, carnet et crayon à la main, nous invita à lui dire ce qu'on souhaitait le voir et l'entendre jouer. Entre "So What", Mendelssohn, Paolo Conté e tutti quanti, il y allait, réinterprétant ces classiques de la musique et construisant les articulations. Et tout ça avec une grosse dose de rigolade. Fichtre alors! Qu'est-ce qu'il est imaginatif!
Gilles