A en croire "En scène", le journal de l'Opéra de Paris , on allait voir ce qu'on allait voir. Etre saisi d'un "transport commun" indiquait la titraille incitative du house organ, à la vue du Siddharta (tiré de Hermann Hesse) et chorégraphié par le "très en cour" Angelin Preljocaj. Sous la plume d'un dramaturge enthousiaste on pouvait même lire que le trio désigné pour le spectacle -Preljocaj himself, Bruno Mantovani, jeune et brillant compositeur made in Ircam et Claude Lévêque plasticieninstallateur-serait comme une de ces associations d'artistes qui ont présidé au succès des Ballets Russes. Pas moins. Après un Faust philosophique, pour le lyrique, le Ballet se lance à son tour dans la quête d'une vérité métaphysique . Tendance bouddhiste cette fois. Pourtant de "transport commun", il ne fut pas question, même en petit véhicule. Le rideau se lève sur une équipe de motards à la combinaison et casques noirs façon Farenheit 451 qui s'agitent sous une boule noire énorme prête à la démolition de quelques tours de banlieue.Ce sont les forces l'illusion et de la mort bien sûr ! qui pourissent la vie de l'humanité depuis la nuit des temps. Tableau 2, Siddharta le héros retrouve son "ex", Yasodhara, belle comme un Onion Bahia . Tableau 3: dans un pince-fesse très Bhollywood, Siddharta retrouve son père (Wilfried Romoli en pré-retraite) luisant comme un ver de pierres précieuses et tout droit sorti d'un ragamala. "Sid" se sent godiche et pas très en phase et préfère aller faire un tour à la campagne . Manque de chance (tableau 4) il tombe sur une épidémie (ambiance post-carnage garantie ).Au tableau 5 (nous sommes dans un récit initiatique) l'Eveil apparaît sous les traits d'Aurélie Dupont. Une apparition pareille normalement ça secoue, mais non, le héros préfère s'enfuir dans la forêt avec son cousin. Il faut dire que la figure de l'Eveil ne se laisse pas approcher comme ça et même qu'à la fin elle vole au-dessus de l'initité comme dans Everybody Says I love you " de Woody Allen. Après maints atermoiements,tentation,palinodies, revirements, tous prétextes à de beaux mouvements de danse, on frôle l'irradiation jusqu'à la fusion avec l'Eveil , fusion tant attendue que la lectrice de Marie-Claire qui sommeille en nous est prête à refaire son 70 mètre carrés parisien selon les principes du Fengshui.
Pour mettre à jour son inquiétante "radicalité" Preljocaj s'est adjoint les services de bien beaux danseurs.De Nicolas le Riche à Stéphane Bullion ou encore Muriel Zuspzerreguy
...Rien à dire de ceux-là.
Pourtant même si le spectacle est court, on trouve le temps de s'ennuyer.
Opéra de Paris /Siddharta/ Angelin Preljocaj/Bruno Mantovani suivi d'un portrait de Bruno Mantovani