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Guilherme Hauka Azanga suite et, j’espère, qu’il sera tranquile

Publié le 09 avril 2010 par Unpeudetao

 
Bonjour,

Veuillez trouver ci-dessous un témoignage de Dominique Noguères

 
Bien cordialement,

 
Le service communication LDH

Témoignage de Dominique Noguères, avocat, membre du Bureau national de la LDH

Rude journée dans la triste logique de l’acharnement envers les étrangers et du délire total auquel nous avons assisté.

Je me suis occupée, ce jeudi 8 avril, de ce monsieur angolais que la préfecture du Rhône essaye d’expulser depuis longtemps déjà. Le juge des libertés de
Lyon avait prolongé sa rétention jusqu’au lendemain, vendredi, 11 heures du matin.

La veille, il a été embarqué vers 19 heures à l’aéroport de Lyon Bron, dans un avion spécialement affrété par le ministère de l’Intérieur en direction du
Bourget. L’aéroport de Bron était un camp retranché : des CRS bloquant tous les accès et un hélico tournant au dessus… Pour surveiller ?

Menotté à bord de cet avion, ce monsieur, à l’arrivée au Bourget, est attendu par trente CRS et six voitures de police, excusez du peu. Avant de monter
à bord d’une d’entre elles, il est entièrement ligoté, de la tête aux pieds, comme un saucisson, et on le bâillonne. Il dit que c’était comme une muselière.

On l’emmène à la Police de l’air et des frontières de Roissy où il attend pendant plus d’une heure, toujours ligoté et entravé, sans pouvoir ni s’asseoir
ni se tenir debout. On lui refuse à boire et d’aller aux toilettes.

Enfin on l’emmène en voiture au pied de l’avion pour Luanda où il est monté par l’arrière comme un paquet, toujours saucissonné. Le commandant refuse de
partir avec lui. Il est redescendu de l’avion et repars à la Paf. On est « gentil » : on lui désentrave les jambes et on lui enlève son bâillon, mais il
est toujours ligoté à partir des genoux.

Après de multiples coups de téléphone, les policiers le remettent dans la voiture et le ramènent à l’avion. Le commandant refuse de faire rouvrir les portes.
Il repart à la Paf et là, les policiers ne savent plus quoi faire… On le désentrave.

Il est quatre heures du matin, il est fatigué. Il n’a pas d’endroit pour se reposer et on lui dit que les locaux ne sont pas fait pour ça. A cinq heures
du matin, il est transféré au centre de rétention de Bobigny.

Le matin, je m’inquiète de voir qu’il n’est pas sur les listes des comparutions immédiates pour les refus d’embarquement. Le Parquet me confirme qu’il n’est
pas déféré.
Je vais alors au centre de rétention à Bobigny où je rencontre un homme épuisé, très nerveux, apeuré.

A la fin de l’entretien, au moment où nous nous séparons, il est emmené de force et je comprends qu’on va tenter de l’expulser. Je ne peux rien faire :
il disparaît derrière une porte et les policiers ne sont au courant de rien. Je me trompe de porte en repartant et reviens sur mes pas pour voir qu’effectivement
on lui a remis son paquetage.

Sa femme attend en bas pour le voir. Elle ne le verra pas. Les policiers expliquent qu’il prendra un avion au Bourget à 17 heures 30 pour destination inconnue.
Les recoupements sont vite faits : il n’y a pas de vols de Paris pour Luanda aujourd’hui, mais de Lisbonne ou Francfort.

On organise en urgence une conférence de presse à 16 heures 30 à la FCPE avec une bonne couverture médiatique, et on attend.

Enfin, à 22 heures, on apprend qu’il sera libéré ; l’avion parti pour le Portugal n’ayant pas eu l’autorisation d’atterrir. Il est revenu à Bobigny et a
été libéré du centre de rétention vers minuit  .

Dans l’avion qui l’emmenait vers Lisbonne il était accompagné de quatre policiers et attaché sur son siège .Communiqué laconique de la préfecture du Rhône
 indiquant qu'en raison de l'impossibilité d'exécuter la mesure, il le remettait en liberté.

Résumons : déploiements de police incroyables, deux avions spéciaux, un aller et retour pour rien vers Lisbonne… Mais, surtout, des mauvais traitements,
des traitements inhumains et dégradants. On est  épuisés, heureux qu’il s’en soit sorti, mais dégoûtés de ces méthodes indignes. Merci aux formidables
mobilisations des militants, et des élus.

C’est nous qui aurons le dernier mot !

Dominique Noguères

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www.ldh-france.org
 


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