Le prix annuel de la Photographers’ Gallery à Londres a été décerné à Sophie Ristelhueber. Les Londoniens peuvent ainsi voir quelques photos d’elle (trop peu à mon goût : le lauréat a la portion congrue en termes de nombres d’images montrées !) dont un splendide élevage de poussière (une vue aérienne du désert irakien). Bravo !
Parmi les trois autres sélectionnés (jusqu’au 2 mai), il n’y a rien vraiment rien à dire d’Anna Fox, sinon qu’elle démontre à quel point l’empreinte de Martin Parr étouffe la créativité des jeunes photographes anglais. Zoe Leonard présente quelques extraits de son travail (Analogue Portfolio) sur les signes de la rue, principalement à New York, lettres, chiffres, logos, empreintes, formes : c’est un tout cohérent, studieux, parfois drôle, avec ici ou là des fulgurances à la Atget.
C’est l’Irlandais Donovan Wylie qui m’a impressionné : non point tant le scrapbook assez banal de son grand-oncle, souvenir des luttes de Belfast, mais son travail sur la prison The Maze où tant de républicains furent internés et où certains moururent, prison fermée en 2000 et démolie en 2007. Parcourant ce labyrinthe minéral, Wylie le photographie d’abord selon une perspective stricte de murs, de grillages où parfois apparaît un mirador rappelant l’esprit du lieu. Les mauvaises herbes poussent, disant la fin de l’emprisonnement, le retour du chaos naturel. Les photographies de la démolition sont au contraire frontales, directes, sans échappées (en haut). La torsion des tôles et des grillages y dessine des plis, des replis, des courbes, des drapés, des dentelles. A la fin, il n’y a plus rien, de la boue et au fond la campagne. Ce travail sur l’architecture de la répression, du conflit, du pouvoir est d’une grande qualité; il a aussi évoqué pour moi les photographies de Miki Kratsman sur les colonies israéliennes en Palestine et le Mur, même construction coloniale répressive.