L’Ademe publiait hier une étude analysant le cycle de vie des agrocarburants de première génération. Les industriels de la filière (éthanoliers, agrodiesel) ont réagi de manière triomphaliste, en ne gardant que ce qui les arrange…
Une étude non exhaustive…
Contrairement à l’engagement pris lors du Grenelle de l’environnement de réaliser une étude « exhaustive et contradictoire », le document publié aujourd’hui par l’Ademe n’est pas complet. Il ne prend pas en compte l’élément essentiel de l’impact social, environnemental et climatique de la culture des matières premières agricoles nécessaires : le changement d’affectation du sol.
Quand une forêt tropicale est détruite pour planter de l’huile de palme, du soja, quel est l’impact sur la biodiversité, pour les populations locales et au final, pour le climat ?
Quand on décide de passer d’une culture céréalière vivrière ou du moins à destination alimentaire à une culture énergétique, quelles conséquences pour la sécurité alimentaire ?
Ces lacunes fondamentales ont été reconnues par l’Ademe qui appelle d’ailleurs à… de nouvelles études complémentaires.
… qui prouve tout de même l’aberration que sont les agro carburants pour le climat !
L’étude donne cependant des indications partielles sur l’impact de ce changement d’affectation des sols sur le bilan climatique des agro carburants (émissions de gaz à effet de serre comparées aux émissions des carburants fossiles), sur certaines filières comme l’huile de palme et le soja.
Pour ces filières, la prise en compte du changement d’affectation des sols (donc le bilan exhaustif du cycle de production) rend la culture énergétique très largement plus émettrice que le carburant classique (fossile) qu’il est censé remplacer!
En conclusion, la lecture attentive de l’étude de l’Ademe confirme ce que disent les ONG environnementales et de développement depuis des années : le cycle de production des agro carburants conclut à un bilan gaz à effet de serre très largement négatif, en plus des aberrations environnementales (érosion de la biodiversité), sociales (insécurité alimentaire des populations du sud) et économiques (subventions publiques) bien connues et déjà imputables à cette industrie.