C’est vendredi, ce n’est pas ravioli, mais revue de presse.
Calimero Bartolone : « C’est vraiment trop injuste ! »
On apprend que Calimero Bartolone, martyrisé par l’Etat, a décidé de se rebeller : « C’est vraiment trop injuste » explique-t-il dans un entretien poignant où les sanglots et les larmes réprimées s’intercalent à chaque fin de phrase. « Si je dois couper dans les dépenses et faire un budget en équilibre, je ne serai jamais réélu ! »
En effet, la contrainte imposée aux départements de présenter un budget en équilibre provoque de graves difficultés dans certains départements ; « Du coup, [cela] nous met dans l’obligation de couper dans des services pourtant indispensables qui touchent à la culture, au sport, au développement économique, au soutien aux jeunes. »
Calimero Bartolone est, comme beaucoup de politiciens victimes de la crise, en proie aux affres de la réalité : dépenser régulièrement plus que ce qu’on a mène à la catastrophe, et arroser toujours un peu plus des électeurs ciblés d’un argent fraîchement piqué à des contribuables de moins en moins riches finit par provoquer une accoutumance grave.
Mais Calimero ne veut pas lâcher l’affaire : la soupe est bonne. Il a donc décidé de fermer ses petits poings, de froncer ses petits sourcils, et de voter un budget en déficit, ce qui va provoquer la mise sous tutelle du département.
Gageons que le sevrage sera dur et mouvementé, et ce d’autant plus que, ne l’oublions pas, l’État n’a plus d’argent et en a même de moins en moins (si si, c’est possible), mais parions aussi que l’aspect indispensable de la culture, du sport, du « développement » économique ou du soutien aux « jeunes » en période de crise grave sera réévalué à sa juste valeur.
Retraites : bon là on va s’y mettre c’est sûr allons-y zou !
C’est un fruit qui aura mis plus de vingt ans à mûrir, mais là, c’est sûr, cette fois-ci, c’est la bonne : on va réformer les retraites parce que bon, ça ne peut plus durer, à ce rythme, on n’aura pas assez de cotisants pour les retraités. D’accord, c’est déjà le cas et les caisses sont déjà dans le rouge. Vrai aussi, cela fait plus de vingt ans que le problème a été soulevé. Et il est exact aussi que les vagues tentatives d’amélioration de la situation ont foiré lamentablement. Le pantalon de Juppé, qui, depuis 1995, n’est jamais remonté jusqu’à ses hanches, s’en souvient encore.
Mais cette fois-ci, Sarkozy, l’effervescent Président de la République du Bisounoursland, a promis qu’on allait faire un truc ou deux pour résoudre le problème. Pour cela, il a chargé directement François Fillon – dont on me dit de source informée qu’il est l’actuel premier ministre – de préparer des trucs et des machins.
Ce dernier s’est empressé de trouver un bidule qui fait pouic : « Supprimons les niches fiscales ! » Ici, on peut nettement entendre un hurlement stupéfait venant du Faubourg St Honoré : « Kwaâaââââ ?! »
Il va de soi que cette suppression des niches fiscales se transformera très très vite, dans les prochaines millisecondes, en « Aménageons une ou deux niches existantes« . D’une vaste réforme qui allègerait furieusement le code des impôts, on fera rapidement une petite bidouille ponctuelle pour supprimer ces niches dont personne ne se sert et qui ne coûtent pas grand-chose, ni à l’état, ni aux éventuels bénéficiaires dont on fera bien attention qu’ils ne soient ni connus, ni nombreux.
Et pour les retraites ?
Ah.
Oui, c’est vrai. J’avais oublié.
Mhhmhm. Oh bon ben on va augmenter les prélèvements. On va créer une nouvelle taxe, par exemple.
Ça marche toujours, ça, le coup de la nouvelle taxe.
Non ?
Violences à l’école : distribution de bonbons
Luc Chatel, l’ébouriffant ministre de l’Education Nationale, remplaçant du stupéfiant Xavier Darcos, a rendu ses conclusions de la bouillante activité de papouilles multilatérales qu’il a opérée avec les sémillantes et représentatives associations de représentants d’élèves, de parents et de professeurs sur le douloureux sujet des violences à l’école.
Les conclusions sont sans appel : dans ce monde décidément pas assez gentil, il va falloir former les professeurs, tapoter un peu sur les doigts des élèves récalcitrants et distribuer des bonbons (le message n’est pas formellement clair sur la quantité et le parfum des bonbons, cependant).
On apprend ainsi que le gentil Luc veut « redonner un sens aux sanctions scolaires », ce qui promet d’être comique dans certaines classes, puisqu’on pourrait aller (attention, le conditionnel est de mise, ici) jusqu’à expulser les fauteurs de trouble. C’est à la fois über-couillu et totalement inédit.
Les habituelles associations et lobbies groupements désintéressés d’individus apolitiques, de façon d’ailleurs totalement prévisible, ont évidemment hurlé en constatant que le ministre n’avait pas ouvert en grand les vannes du crédit et n’avait pas déversé l’argent du contribuable à gros bouillons fumants sur les problèmes rencontrés.
On en vient à se demander comment faisaient les hussards noirs de la République pour enseigner dans des classes disparates, à des élèves qui ne parlaient pas tous français en arrivant (loin s’en faut : Bretons et Basques s’en souviennent encore) : ces braves maîtres et ces instituteurs, qui se contentaient de ces titres pas ronflant pour deux ronds de carottes, n’ont jamais eu les formations, ateliers et autres débats participatifs d’action citoyenne pour se former à la gestion des conflits et la gestion de classe, mais ont pourtant amené des générations à un niveau scolaire que certains lycéens d’aujourd’hui rêveraient d’atteindre (les autres s’en foutant royalement).
Heureusement, les abrutis subventionnés associations lycéennes veillent : on peut être sûr que le retour de la discipline se fera dans la douceur, l’humanité et la gentillesse moelleuse d’une compréhension inter-mutuelle des différences enrichissantes et une participation de l’apprenant à sa propre édification citoyenne.
Apéro festif et lumineux chez les jeunes déçus de Grigny
La banlieue, c’est pas rose, la banlieue, c’est morose. Rien de tel pour lutter contre la mélancolie locale qu’organiser, comme à Rennes il y a quelques semaines, une petite sauterie citoyenne où, moyennant la participation des transports collectifs urbains, on pourra chanter et danser toute la nuit en caillassant les voitures de police.
L’opération Apéro Bus Cramé a été lancée pour fêter le désenclavement de la cité de la Grande Borne avec le début des travaux d’aménagement d’une route. Notons que certains commerçant riverains, dérangés dans leur négoce, ne seront pas indemnisé par l’état et qu’ils en conçoivent une certaine amertume. Le risque est grand qu’ils viennent grossir les rangs des jeunes déçus.
La France fait du dumping fiscal
Jean Arthuis a présenté officiellement ses excuses à la Belgique, l’Espagne, l’Autriche, l’Irlande, la Hongrie, la Pologne, etc… pour le honteux dumping fiscal exercé par la France avec son taux de TVA à 19.6% .
En effet, chacun de ces pays disposant d’un taux supérieur, la France apparaît pour un acheteur étranger situé dans ces pays comme un paradis fiscal (enfin, si on suit le raisonnement de nos élites sénatoriales) : Jean Arthuis, on s’en rappelle, avait choisi de cogner sur le Luxembourg, qui s’en tire nettement mieux que les Français pour attirer des entreprises commerciales sur son sol.
A l’instar d’une Lagarde qui avait choisi de ronchonner sur l’Allemagne qui avait l’impudence de mieux tenir son budget qu’elle, Jean Arthuis expliquait que ces salauds de Luxembourgeois font rien qu’à nous embêter avec leur TVA plus faible et une fiscalité plus avantageuse. En plus, ils sont tout petit ce qui est plus facile à cogner.
L’idée que ce qui marche chez les autres pourrait aussi marcher chez nous est évidemment absurde. La France, phare du monde moderne et exception culturelle de réference, ne fonctionne pas comme le reste du monde qui, de surcroît, nous envie fiévreusement.
…
Comme le montre ces petites nouvelles, la France continue toujours de trottiner sur le même sentier poussiéreux sans altérer, en aucune manière, sa course guillerette.
Les prochains mois promettent d’être amusants.