Magazine Culture

Anthologie permanente : Cesare Pavese

Par Florence Trocmé

Le jardin sur la place, enfoui 
dans la fraîcheur et dans l’obscurité. 
Dans la nuit, les maisons 
qui se perdent dans le noir, gigantesques, 
font entrevoir entre leurs masses des lumières. 
Un désert terrifiant au fond du ciel 
lointain, entre les étoiles. 
La grande fièvre splendide 
s’assourdit lorsqu’elle atteint ce noir. 
Ici c’est le silence, 
l’immobilité haute d’un cimetière. 
Les bruits et les lumières 
parviennent du lointain, 
d’au-delà de ces arbres.  
De vivantes lumières 
jaillissent dans le noir, 
les voix les plus joyeuses 
hululent frénétiques 
dans le triste abandon. 
Étouffées elles viennent mourir 
dans le noir insondable 
comme de pâles suicidés 
encore fous d’amour pour la vie. 
Écouter dans le cœur  
les passions lointaines, 
les écouter qui montent dans la nuit, 
sur le moite parfum de la terre. 
Une flore inconnue 
de désir, enfermée dans ce ciel 
de noir et de silence. 
Une flambée qui perce dans le noir 
comme la lueur rouge 
qui saigne entre les arbres. 
  28 juin 1929 
 
Cesare Pavese, La Mort viendra et elle aura tes yeux, Verrà la morte et avrà i tuio occhi, édition bilingue, Poésie II, traduit de l’italien par Gilles de Van, Gallimard, 1969, p. 89 
Cesare Pavese dans Poezibao :
Bio-bibliographie, extrait 1, Plains-Chants (parution) 
S’abonner à Poezibao
 
Une de Poezibao 
Il giardino profondo, sulla piazza, 
di oscurità et freschezza. 
Nella notte, le case 
che si perdono enormi nel buio 
mostrano tra le masse qualche luce. 
Un deserto pauroso in fondo al cielo 
remoto, tra le stelle. 
La grande febbre splendida 
s’attutisce giungendo in questo buio. 
Qui è silenzio, 
l’alta immobilità di un cimitero. 
I rumori et le luci 
giungono di lontano, 
di là da queste piante. 
Dentre l’oscurità 
sgorgano luci vive, 
ululano frenetiche 
nell’abbandono triste 
le vo più gioiose. 
Giungono soffocate 
a morire nel buio senza fondo 
come suicidi pallidi 
folli ancora di amore per la vita.  
Ascoltare nel cuore 
le passioni remote, 
ascoltarle salire nella notte 
sul profumo umidiccio della terra. 
Una vegetazione sconosciuta 
di desiderio, chiusa in questo cielo 
di buio e di silenzio. 
Uno sboccio di fuoco dentro il buio, 
come quel lume rosso 
che sànguina tra gli alberi 
  28 giugno 1929 
 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florence Trocmé 18683 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines