Les bourses subissent depuis quelques heures les assauts des marchés de taux européens accentuant les divergences entre les taux des obligations gouvernementales des pays membres de la zone euro.
Avant de passer à la situation de la Grèce qui est en pointe dans l'actualité, nous souhaitons insister sur le fait, évoqué depuis l'automne en terme de risque souverain, que ces divergences signent une nouvelle vague dans laquelle le marché opère un tri sélectif en fonction de la situation de chaque État, sans exception, sur laquelle nous reviendrons en détail mais qui engendre des situations par essence disparates. La force en place est avant tout celle d'un écrémage général, lequel n'est pas forcément seulement et uniquement négatif et traduit des courants qui remodèlent le paysage obligataire européen bien au-delà de l'actualité du jour. A titre d'exemples :
- les efforts budgétaires irlandais se traduisent par une détente des taux depuis plusieurs mois (aidée de la déflation qui y sévit)
- l'Italie et l'Espagne hétérogènes sur le papier évoluent de concert depuis le début d'année sur les marchés de taux
- La France qui avait mieux résisté que les Pays-Bas durant la vague liée à la crise purement financière et bancaire en 2008-2009 est entrain de s'écarter très légèrement mais progressivement d'un nouveau tandem en formation constitué de l'Allemagne et des Pays-Bas. Le différentiel de taux est ainsi en défaveur de la France depuis quelques semaines par rapport à la Hollande. Ce dernier point est un phénomène qui se réalise de manière marginale, certes, mais il s'agit d'une inversion en seulement 12 mois.
En 48 heures, le différentiel de taux ou spread entre les taux grecs et allemands à 10 ans toujours en zone sensible s'est affolé en sortie de consolidation pour atteindre ce jour à mi-journée (voir encadré dans le graphe ci-dessous) plus de 4,40 %. Il s'agit du surcoût à payer pour la Grèce par rapport à l'Allemagne sur les marchés de capitaux pour se financer ou se re-financer (emprunt arrivant à échéance remplacé directement par un autre, les États 'roulant' en fait une bonne part de leur dette)
Sur le marché des changes, l'euro / dollar est repassé sous 1,33 non loin des plus bas du 25 mars dernier sur un support historique majeur.
A la bourse de Paris, le CAC 40 perd 1,20 % à 3 978,46 points sous la pression des valeurs bancaires (Dexia - 3,35 , SG - 3,14 %, CA - 2,29 % et BNP - 1,83 %) sur des questionnements concernant leur exposition sur la Grèce, les banques françaises étant les plus exposées globalement devant les banques allemandes puis les banques suisses en Europe.
Sur le plan graphique, la tendance court terme reste haussière avec une reprise d'appui sur la MM 20 (rouge) mais l'incapacité à rejoindre les plus hauts de janvier en dépit d'un record annuel en clôture avant-hier forme un double top potentiel à surveiller. Prochain objectif à la hausse, le gap ouvert ce matin entre 4020,17 et 4012,1. A la baisse, la zone support très importante du support long et moyen terme (rectangle rouge) est à surveiller, zone en dessous de laquelle les positions acheteuses sont susceptibles d'êtres coupées en masse.
√ Notre évaluation des spreads grèce / Allemagne :
< 3 % = normalisation
> 3 % et < 6 % = zone sensible
> 6 % = zone de danger pour la Grèce (avec début de contagion possible)
Nous aborderons prochainement dans une nouvelle série d'articles consacrés aux risques souverains les phénomènes "d'effet boule de neige" des taux et les différents ratios s'y rapportant.