Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, le cerveau humain a pour particularité d’être beaucoup plus sensible à l’image qu’à l’écrit ou à la parole. Si un texte ou un discours n’est retenu que par bribes (environ 20%), l’image elle, s’imprime durablement sur nos rétines et pénètre de sa signification nos cerveaux et nos inconscients.
Et cette double-page en est l’exemple parfait. Tiré de l’hebdomadaire « Marianne » du 23 mars 2010, cet article étudie les raisons qui ont poussé les « déçus du sarkozysme » à voter FN aux régionales, à partir de l’exemple de la ville de Noyon (Oise).
Au cours de la lecture, on fait ainsi la rencontre de la tête de liste FN (M. Guiniot), de chômeurs ne croyant plus à la politique et d’une bourgeoise grand teint se sentant trahie par Sarkozy. Bref un article comme on peut en lire des dizaines.
Pourtant, que nous montre la photo qui l’illustre ?
Un homme de dos, lisant les affiches de campagne (seule celle du FN n’est pas masquée), une baguette à la main, un chien en laisse.
Avons-nous bien vu ?
Une baguette (pour le côté franchouillard peut-être? Notre homme porte-t-il un béret en sus des baskets blanches ?), un chien (un Staffordshire Terrier ? soit un chien de 2ème catégorie dont le port de la muselière est obligatoire) bondissant toutes griffes dehors sur l’objectif et en arrière-plan le sourire du candidat FN.
Pourquoi cette photo en double-page pour un article inoffensif sur les électeurs de Noyon? Pourquoi une telle dichotomie entre l’image et le texte ? Que retiendra le lecteur ou plus précisément que retiendra son cerveau ?
Que M. Guiniot est un ancien poissonnier, que la vieille bourgeoise a perdu ses illusions sur Sarkozy et que Noyon est une ville PS « où il fait bon manger et encore mieux boire » (sic)? Ou que l’ancien électeur UMP a un chien dangereux non muselé et une baguette sous le bras ?
En conclusion, n’oubliez jamais que quel que soit le message que vous souhaitez transmettre, l’image est plus forte que le texte !