Je pourrais jouer la carte de la candeur et prétendre que, décidément, je ne comprends absolument pas pourquoi des pays occidentaux se voient aujourd’hui sollicités par Barack Hussein Obama pour accueillir chez eux des repris de justice de Guantanamo. Hélas, la logique globaliste, de même que la ritournelle humanitariste, nous sont trop bien connues pour que l’on puisse feindre l’ignorance : on ne peut, n’est-ce pas, renvoyer ces « braves gens », dont nous venons de voir qu’une partie croissante d’entre eux récidivait dans le terrorisme, dans leurs pays d’origine, où ils risqueraient d’être maltraités, voire pire... Assurément, ce genre de fariboles humanitaires doit faire hurler de rire ceux qui d’Afghanistan à New-York ont fait leur la pratique des attaques-suicide. Mais grâce à nombre de nos dirigeants, de nos juristes, de nos psys, de nos journalistes et à nos légions d’humanitaires, au moins pouvons-nous ainsi nous enorgueillir de ne jamais rater une occasion de passer pour des faibles et des démissionnaires, ce qui ne manquera pas d’être extrêmement dissuasif dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, notamment.
2. Barack Hussein Obama demande un effort supplémentaire à Bruxelles
À ce jour, la Belgique a accueilli un seul ancien détenu de Guantanamo. Il est arrivé le 8 octobre 2009 et a, cela va sans dire, immédiatement reçu une nouvelle identité qui n’a, pas plus que l’ancienne, été révélée. Il s’agirait d’un Syrien de 31 ans, d’origine kurde, détenu durant plus de sept ans à Guantanamo. Le FBI l’aurait considéré « par erreur », comme l’un des terroristes les plus recherchés, lors de son arrestation à Kandahar (Afghanistan méridional), en janvier 2002. Il a depuis été mis hors de cause par la justice américaine en tant que « terroriste très recherché ». Soit. Monsieur Obama, on le sait, avait promis monts et merveilles au peuple américain afin de se faire élire à la présidence des États-Unis, mais plus d'un an après son élection, force est de constater que son bilan, que ce soit sur le plan intérieur ou sur le plan extérieur, approche globalement du niveau zéro. « Yes we can ! »… Peut-être, mais quoi exactement ? On se le demande encore. Reste donc le symbole du centre de Guantanamo, que le président Obama voulait voir fermer dès le mois de janvier 2010, avant de reporter l’échéance de sa fermeture à… la fin de son mandat, en janvier 2013. Or, il reste à Monsieur Obama à écouler un « stock » de 104 prisonniers sur les 192 encore détenus à Guantanamo, et comme l’idée de leur accueil sur le sol américain n’est pas sans poser problème et est, disons-le, franchement impopulaire au sein du peuple de l’Oncle Sam, il faut bien que quelqu’un se dévoue, et pourquoi pas la Belgique qui s’est vue courtisée en ces termes par Howard Gutman, l’ambassadeur des États-Unis à Bruxelles : « Quel pays refuserait d’aider à fermer Guantanamo si la Belgique allait de l’avant ? Vu la crédibilité de la Belgique, ne la sous-estimez jamais ». Le vieux coup de Jules César qui évoquait les Belges comme le peuple le plus « brave » de la Gaule, mais qui entendait par là, le peuple (ou plutôt un ensemble de peuples) le plus sauvage car le plus arriéré et le plus éloigné de Rome… Diable, faut-il que Barack Hussein Obama soit aux abois pour que son ambassadeur en vienne à invoquer la crédibilité d’un État connu justement pour ses querelles domestiques chroniques et son incurable faiblesse institutionnelle ? N’importe quel citoyen belge, tel que je le suis, pourrait, s’il faisait preuve d’un peu de réalisme, écrire des tomes entiers sur l’absence de crédibilité politique de l’État belge (et je ne vous parle même pas de son système pénitentiaire déficient, ce qui, dans le cas qui nous occupe, peut s'avérer problématique…), mais nous savons que celle-ci n’est pas en cause ici. Washington s’adresse à la Belgique car elle est justement un maillon faible au sein de l’Occident, espérant ainsi faire plier Bruxelles pour mieux convaincre d’autres nations occidentales par la suite.
3. Pour deux « Guantanamo » de plus…
La Belgique se voit donc sollicitée par Washington pour accueillir deux détenus de Guantanamo supplémentaires. Et ceux-là nous sont connus, puisqu’il s’agit de deux Tunisiens condamnés par défaut le 30 septembre 2003 par le tribunal de première instance de Bruxelles, en marge de l’affaire Trabelsi :
- Hisham Sliti (44 ans) ; avait été condamné à quatre ans de prison pour recel de passeports et de permis de conduire belges.
- Abdel Hikmi (44 ans) ; accusé d’avoir été un rouage dans la filière tunisienne qui accueillait les djihadistes en Afghanistan, sous le régime des talibans, Hikmi avait écopé de cinq ans de prison.
Ces deux individus sont aujourd’hui défendus par une ONG britannique du nom de « Reprieve », représentée par deux avocats, Christophe Marchand et Sven Mary. Selon ces derniers, les deux criminels tunisiens ne seraient que des « égarés » : le premier cherchait dans le régime taliban un remède à la toxicomanie (!), quant au second, il serait allé en Afghanistan, en 2000-2001, pour s’y marier. Plus sérieusement, c’est-à-dire loin de ces approches humanitaristes à l’eau de rose (d’autant que l’épouse de Hikmi était âgée de 13 ans, en 2003, et qu’elle est elle-même la fille d’un autre inculpé vivant en Belgique depuis les années 1970, un certain Amor Sliti ; or, selon les lois belges, un père qui marie sa fille à cet âge se rend complice d’un viol), les policiers et les procureurs décrivent les deux Tunisiens comme des intermédiaires dans la filière djihadiste, ayant vécu dans la maison tunisienne, à Jalalabad, dont était notamment issu le terroriste enrôlé par Al-Qaïda qui a assassiné le commandant Massoud. Toutefois, sous la pression des avocats, le parquet fédéral a dû déposer pour ces deux individus une demande d’extradition, au début du mois d’octobre 2009, demande qui n’a toutefois jamais été transmise aux États-Unis, le gouvernement n’étant pas obligé de répondre à la demande du parquet fédéral dans un délai déterminé. Mais aujourd’hui, il va sans dire que les intérêts des avocats et de leurs clients, d’une part, et ceux de l’administration Obama, d’autre part, convergent largement, puisque l’accueil des deux criminels tunisiens permettrait d’aider l’administration américaine à écouler son stock de « Guantanamo », pour les raisons de politique intérieure déjà citées. Une évolution malsaine, une de plus, qui plaide en faveur d’une refonte fondamentale des systèmes judiciaires occidentaux, minés par le laxisme humanitariste et le juridisme procédurier. De fait, les services de police estiment que ramener les deux Tunisiens en Belgique pourrait contribuer à mettre en danger la société belge (sans même parler des autres pays européens), vu qu’ils auraient toutes les chances d’être rapidement libérés par le tribunal et de pouvoir ainsi réactiver leurs liens avec les réseaux islamistes. Évidemment, la meilleure solution consisterait à renvoyer les deux Tunisiens dans leur pays d’origine dont un tribunal a, en 2004, condamné Sliti et Hakmi respectivement à 10 et 40 ans de prison, preuve, s’il en était besoin, que ces deux individus apparaissent bien moins recommandables que ce que leurs défenseurs tentent de nous faire accroire. Toutefois, hypocrisie humanitariste oblige, Washington se refuse à extrader ses deux « protégés » vers un pays, fût-il le leur, où l’on pratique la torture. Reste donc, selon ce point de vue, la « solution belge » qui a inspiré au ministre de la Justice belge, cette affirmation angoissée : « Je dois prendre une décision »…
Éric TimmermansSources :
- « D’autres détenus de Guantanamo en Belgique ? », LaLibre.be - Belga, 11 février 2010
- « Guantanamo, le dossier qui embarrasse De Clerck », LaLibre.be, Christophe Lamfalussy, 13 février 2010