Pendant la campagne des régionales , François Fillon a encombré l’ espace aérien . Ce qui ne l’empêche pas de faire la leçon à Joyandet et aux autres …
L’ ordre est estampillé Matignon. Les membres du gouvernement devront désormais se montrer exemplaires lors de leurs déplacements aériens . Surtout « dans une période où chacun est amené à faire des efforts « . Envoyée le 31 mars à chaque ministre, cette consigne , signée du directeur de cabinet de Fillon , est censée mettre fin à l’emploi abusif et onéreux de jets privés au détriment des aéronefs de la République. Cause de ce rappel à l’ ordre : Alain Joyandet . Le secrétaire d’ Etat à la coopération a en effet eu recours le 23 mars à une compagnie portugaise pour effectuer un aller retour à la Martinique et rentrer assez vite pour le Conseil des ministres . Coût de la prestation : 116 500 euros . Bonne camarade, Marie Luce Penchard , secrétaire d’ Etat à l’ Outre mer , s’est empressée de faire savoir par son cabinet qu’elle avait pris, elle , un vol régulier sur Air France …
Carnet de vol trop bien rempli
Alain Joyandet est d’ailleurs un récidiviste à réaction. Le 15 janvier, le sous-ministre Alain Joyandet avait volé au secours d’ Haiti à bord d’un Falcon 900. Prix de cette généreuse envolée : 150 000 euros, facturés par une compagnie hollandaise, comme l’avait écrit » Le Canard enchainé « .
Dans sa lettre circulaire, du 31 mars, Jean Paul Faugère, le directeur de cabinet de Fillon, précise que » désormais » l’emploi d’ » une compagnie commerciale d’aviation d’affaires doit faire l’objet d’une autorisation du cabinet du Premier ministre » et » doit demeurer exceptionnel ». C’est avec un certain zèle que Matignon s’est auto-appliqué cette consigne.
Eclatante illustration, les 17 et 18 mars dernier. A quelques heures du second tour des élections régionales, François Fillon multiplie les envolées . Le 17 mars, il se rend à Lyon. Plutôt que d’utiliser un zinc de la République ou mieux, le TGV ( plus rapide …), le premier ministre se paie les services de la compagnie portugaise Masterjet , le même prestataire que Joyandet . Le lendemain matin, c’est à bord d’une compagnie française ( A&roservices ) qu’il vole au secours des candidats UMP à Marseille . L’après midi, il fonce en piqué sur Strasbourg, de nouveau grâce à un zinc portugais . Pour la qualité de la morue servie à bord peut être ?
Sécurité oblige, comme le montre le plan de vol que s’est procuré le Canard enchainé , un Falcon à cocarde tricolore suite à la trace les ronds dans l’air deFrançois Fillon . Au cas où … Tout cela n’empêchera ni le crash électoral de l’ UMP ni le savon que Fillon a passé , le 1er avril, au pauvre Joyandet . De retour de leurs circonscriptions , nombre de députés rapportaient en effet les réactions furibardes de citoyens sur ces très chères balades aériennes .
En réalité, c’est Matignon qui encourageait indirectement l’usage de ces compagnies commerciales, faute d’appareils disponibles dans le parc aérien de la République , géré par l’ Etec . Selon le rapport parlementaire du 14 octobre, versé en annexe du dernier projet de loi de Finances et signé du député PS Jean Claude Viollet, spécialiste des questions de défense, Matignon » arbitre les mises à disposition des différents ministères ». Si Joyandet et ses collègues – ce fut le cas d’ Estrosi, en janvier dernier – se sont envoyés en l’air sur des coucous privés, c’est que le cabinet de Fillon les a priés d’aller voir ailleurs quand ils demandaient un avion de l’ Etec.
Flotte en état d’alerte
A la décharge de Fillon , il faut admettre que la flotte tricolore n’est pas extensible. D’autant qu’elle est en bonne partie confisquée par Sarkozy . A lui seul, il dispose en permanence d’un Airbus A319 ( et, en octobre prochaine, du futur Air Sarko One , un A330) d’un Falcon 7X , d’un Falcon 900 ( ou Falcon 50, selon les distances ) et de 2 hélicoptères Super-Puma. Avec interdiction d’y toucher . Même s’il n’en a pas besoin, Sarko les veut toujours à sa disposition, pour lui seul. Restent, à usage gouvernemental, un Falcon 900 ou un Falcon 50, et l’un des Super Puma en état d’ alerte pour le Président.
Factures en main, Jean Claude Viollet précise, dans son rapport parlementaire, qu’entre le 1er janvier et le 1er juillet 2009 Sarko s’est envoyé en l’air pour 4,6 millions d’euros ( 4,9 millions pour toute l’année 2008). Tandis que les ministres ont dépensé à peine 3 millions, dont 1,2 millions pour le seul ministère des Affaires étrangères. Manquent étrangement à ces précisions chiffrées les sommes dépensées par Matignon … Le ministère de la Défense, qui tient la comptabilité de l’ Etec, n’en dispose pas. Et le cabinet du Premier ministre ne souhaite pas vraiment en faire état. Pour éviter la comparaison avec Sarko et continuer ainsi d’apparaitre « exemplaire » ?
Source : Impôts-Utiles.com