Comment continuer ? Comment s'enthousiasmer pour une série, ou même (commençons petit) un épisode seulement ? Comment regarder des personnages, qui par définition n'existent pas, se prendre la tête sur des problèmes qui, si on y pense, ne leur appartiennent même pas ? Comment prendre au sérieux le scénariste qui écrit aussi bien une comédie hilarante qu'un drame poignant dans le seul but de gagner sa vie ?
Je ne prends plus rien au sérieux. Et je regarde l'écran, c'est bien la première fois, avec une sorte de mépris.
Tout cela n'est que fiction. Ça ne veut rien dire.
Il y a aussi la non-fiction, bien-sûr, celle que j'aime et à laquelle j'hésite régulièrement à consacrer une rubrique : les débats, les documentaires, SNL. Mais si c'est pour regarder, soit des imbéciles intelligents se sentant autorisés à se gargariser de mots, soit des journalistes essayant d'attirer mon attention sur des pécadilles comme la vie incroyable des pâtissiers, soit quelques pitres singeant l'homme de la rue ou des hommes politiques... non, vraiment, ce n'est pas moins vain.
Quand toutes les dix minutes, on se met à pleurer, ça ne divertit plus, un écran.
Sachant que j'ai dépassé ce stade il y a plusieurs heures et que j'en aurais presque la nostalgie à présent que je suis plus bas encore.
Jusque là, ma téléphagie m'aidait plutôt, dans ce genre de cas. Il y avait la musique et la téléphagie. Pour l'instant (je croise les doigts) la musique fonctionne encore. Quand j'allais mal, quand j'allais très mal, quand j'étais arrivée au bout de moi-même, je trouvais quelque chose sur mon écran qui, là, aujourd'hui, me semble absent.
Je pourrais faire ce que j'ai toujours fait : espérer de ma téléphagie qu'elle distraie mon attention, ou au contraire qu'elle me serve d'exutoire.
Les deux sont possible, les deux ont jadis su être efficaces selon le besoin.
Mais plus aujourd'hui.
Ma téléphagie me déçoit, un peu. Elle atteint sa limite. C'est la première fois.
Je sais que ça reviendra. Je sais que ce n'est que temporaire. Je devine qu'il suffit à la fois d'insister et d'attendre.
Mes pensées ne savent pas se concentrer sur l'écran, alors, dans le fond, ma téléphagie n'est pas à blâmer.
Mais freescully est partie, et avec elle a disparu cette sensation purement téléphagique qui me donnait l'impression qu'à chaque ressenti, bon ou mauvais, correspond un épisode qui s'y accorde à la perfection.
Alors, si vous avez des suggestions d'épisode qui aide à tenir le coup quand on est face à l'absurde, je sais que d'habitude vous ne commentez pas et que je n'insiste pas, mais aujourd'hui, vraiment, de tout cœur, si vous avez des idées, je vous en conjure : ne soyez pas timide.
Saturday Night Live