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Meg White, tel un fantôme...

Publié le 08 avril 2010 par Stéphane Kahn

410px-UGWNL_film.jpgUnder Great White Northern Lights est d’abord un film d’Emmett Malloy. C’est ensuite un album assez dispensable, le premier live officiel des White Stripes, enregistré en 2007 durant la toute première tournée du duo (qui fêtait alors ses dix ans d’existence) à travers le Canada. Jack White, que l’on a toujours aimé en concert, et que l’on sait depuis revigoré par la fréquentation de Brendan Benson (avec The Raconteurs) ou d’Alisson Mosshart (avec The Dead Weather), y apparaît fatigué, la voix au bord de l’épuisement, de la rupture (calamiteuse version de Blue Orchid).

Dans le film, Jack et Meg White paraissent parfois s’amuser : lorsqu’ils investissent, pour y jouer, des lieux improbables (un bowling, un bateau, une maison de retraite). Mais le plus souvent, c’est une profonde lassitude qui se superpose aux images de prestations turbulentes, où les solos de White ne convainquent plus vraiment, trop alambiqués, trop déstructurés, trop pleins d’une rage venant malmener des compositions qui, ici restituées sèchement, sonnent beaucoup moins bien qu’en studio. Comme si Jack White, sur cette tournée, avait déjà la tête à ses autres projets, à d’autres collaborations, comme si Meg déjà savait qu’elle arrêterait de marteler sa batterie à l’issue de ces concerts…

On sait que les White Stripes ne tournent plus, n'enregistrent plus. Que Meg a eu besoin d’une pause. Une pause... La sortie d’un live en lieu et place d’un nouvel album semble augurer ce que tout le monde pressentait. Cela apparaît de façon manifeste dans le film, qui est moins une célébration d’un groupe au sommet de son art qu’un chant du cygne douloureux. Sur la pochette,  sur l'affiche, les White Stripes sont d’ailleurs figurés par de simples silhouettes, de dos, déjà presque effacées. Dans le film, 1h30 durant, il suffit de regarder Meg, mutique, pour comprendre. Elle est comme la figurante d’un projet en lequel elle ne croit plus, ses poses de poupée, ses mouvements de métronome – jadis  marque de fabrique craquante – traduisant soudain le gouffre entre un Jack hyperactif et une batteuse qui semble déjà savoir que tout sera fini bientôt.

Meg, dans les séquences d’interviews, dans les scènes de transition (voyages, accueils, rencontres avec les responsables locaux) est dans le plan, toujours, mais sa présence crée une tension permanente, paradoxale, comme si elle souhaitait avant tout s’en échapper, disparaître dans un fondu enchaîné, laisser à Jack la lumière, toute la lumière. Plus le film se déroule, plus l’inadaptation de Meg nous rend mal à l’aise. On a envie de l’entendre, de la brusquer un peu, on n’en peut plus de voir quelle torture cela semble être pour elle de devoir figurer, ailleurs que sur les planches, la deuxième moitié d'un duo ne se conjuguant pratiquement plus au pluriel. Seules les scènes de concert la raniment un tant soit peu. Bizarrerie du film de Malloy, les (très) rares moments où Meg s’exprime sont sous-titrés, comme s’il s’agissait de signifier encore plus clairement que cette femme n’est plus là, ne parle plus la même langue. Le procédé est assez déplaisant, je ne me l’explique toujours pas...

Les lumières du Grand Nord nous révèlent un fantôme. La malaise est patent. C’est un film triste, très triste. À l’image de son ultime séquence, bouleversante (voir ci-dessous), qui, tel un adieu, ne peut avoir été placée juste avant le générique de fin par hasard…



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