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Pourquoi le & ?, Auxeméry répond à Poezibao

Par Florence Trocmé

Auxeméry répond ici à une question de Poezibao, sur l’usage qu’il fait du signe typographique &.  
 
 
Que dire, que faire ? 
Sinon, suivre le fil dans le labyrinthe. 
Filer, donc. Mais en crabe. En fumiste. Mais technicien. 
En exégète tors, ou retors. 
 
Faisons, pour commencer, une manière de description. 
L’& a la forme de l’ombilic, un ombilic assez élégant, presque satisfait. Presque. 
En italiques, elle devient même ceci : & – une sorte de métaphore de soi, une invite, ou une très élégante échappatoire, on ne sait. Un ombilic fébrile, et affairé, et pressé peut-être d’en finir…Mais avec quoi ? 
Ou rien de tout cela, d’abord. 
Car il s’agit simplement d’un instrument d’écriture, d’un mot-signe, d’un glyphe, et de haute naissance, d’ancienneté certaine. Et instrument d’utilité assurée, comme les copieurs des abbayes en inventèrent des dizaines, à fin d’efficacité. L’&, cependant, a cette particularité d’avoir duré au-delà des nécessités de son emploi par les travailleurs attelés à la tâche de la transmission des textes vénérables avant que le caractère mobile et renouvelable par la machinerie de l’impression ne vienne sceller le sort de cette fantaisie de gribouillage précis, & fastidieux. 
On écrit donc toujours l’& – l’icône est sur le clavier –, on l’inscrit : clé posée en tête du segment syntaxique, indication sur la portée ; la portée en prend un air de définitif ; le segment syntaxique s’en trouve enrichi, ou achevé, accompli de soi-même, en quelque sorte. De soi-même : « de », disant l’instrumental autant que le génitif. 
Ce signe complète, et il s’affirme ; il termine ce qui est dit par sa voie propre, et sans autre fioriture que soi. Il annonce qu’il accorde et qu’il accouple impérativement ce qui doit l’être. La boucle de l’& connecte l’antécédent au suivant, la matrice au rejeton, le pair au pair. Bref, elle fait ficelle ou lacet : il y a en elle de l’artifice certes, mais sans apprêt autre que sa forme, qui recherche l’efficace en stylisant le et latin. C’est enfin la rapide intrusion qui scelle, ou induit, ou apparie. 
Toutefois, toutefois… 
Y aurait-il, tout de même, sous ces offres de service, l’amorce d’un forfait ? C’est ce que je soupçonne, c’est la question que je me pose moi-même depuis longtemps, et certes, selon des modes de signification qui sont apparus, avec le métier, dirais-je. Avec la constitution de la trame de l’œuvre, puisqu’il faut bien se dire qu’avec le temps, justement, on a bâti cette chose particulière qui s’appelle une œuvre, et dont on ignore le destin, alors que s’il est une autre chose dont on sait le destin, c’est précisément le corps écrivant. Qui, lui, ne se relie à rien qu’à sa fin. 
 
Que cache-t-elle, par conséquent, notre &, – laisse ou cordelière, nombril ou nœud coulant ? 
 
Examinons. 
 
.......... 
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