Le problème avec l'Union européenne, c'est qu'une fois les élections passées, si on ne va pas fouiller soi-même, on n'est plus au courant de rien. Quelques infos distillées dans des rubriques spécialisées, quelques articles dans Le Monde, peu de choses dans la blogosphère (un peu trop franco-française à mon goût !). A chacun, donc, de faire son marché !
Marie-Christine Vergiat, Eurodéputée appartenant au groupe MEP GUE/NGL - Front de Gauche, est membre de la sous-commission Droits de l'Homme (formidable l'appellation "sous-commission", pour les droits de l'Homme, vous ne trouvez pas !?), et membre de la délégation UE - Maghreb du Parlement européen.
A ce titre, elle a publié un communiqué de presse à propos d'un protocole d'accord signé avec la Tunisie pour un montant de 240 millions d'euros, niant ainsi l'aspect anti-démocratique de ce régime. C'est ce qui s'appelle donner le bon dieu (le prophète !), sans confession...
Un soutien inacceptable de l'Union à la Tunisie : Les intérêts économiques au mépris des droits de l'Homme.
Après une rencontre entre le Parlement européen et le Parlement tunisien, M. Stefan Füle, Commissaire européen à l'Élargissement et à la Politique européenne de voisinage s'est rendu en Tunisie, pour signer le 30 mars dernier avec le gouvernement tunisien un protocole d'accord pour l'octroi d'une aide de 240 millions au titre de la coopération : ce protocole d'accord est conclu au titre du nouveau Programme indicatif national (pour la période 2011-2013). Le montant est destiné au financement de la coopération technique et financière.
Or, nous savons ce qu'il en est de la situation en Tunisie. Depuis la réélection du Président Ben Ali en octobre 2009, la situation des droits de l'Homme ne cesse de s'y dégrader. Les arrestations et harcèlements de tous types touchent tant les défenseurs des droits de l'Homme que les avocats, les journalistes, les syndicalistes et même de plus en plus les étudiants. Les campagnes de calomnie qui touchent particulièrement les femmes y sont d'autant plus inadmissibles que la Tunisie se fait le chante de la promotion de leurs droits et se veut exemplaire pour toute l'Afrique et particulièrement pour le Maghreb.
A quelques semaines des élections municipales, prévues pour le 9 mai, l'accès aux sièges et locaux de plusieurs ONG et partis politiques légaux est largement entravé et les mesures répressives se multiplient à l'encontre des acteurs de la société civile tunisienne.
Alors que l'accord avec la Tunisie comporte un volet sur la démocratie et les droits de l'Homme, la signature de cet accord tout comme la poursuite des négociations sur le statut avancé de la Tunisie dans le cadre de son partenariat avec l'Union, comme si de rien n'était, est donc un camouflet pour les droits de l'Homme mais il est encore plus révélateur de l'intérêt qu'y portent la plupart de responsables de l'Union quand ses intérêts économiques sont en jeu.
La signature de cet accord est donc plus qu'un très mauvais signe, elle a valeur de mauvais exemple sur la façon dont l'Union européenne entend intervenir en ce domaine et ne peut que nourrir les attaques de ceux qui prétendent que les droits de l'Homme ne sont qu'in outil au service de "l'Occident" pour essayer de conserver sa suprématie à travers le monde.
Les droits de l'Homme sont universels, ils ne peuvent pas sans cesse être bafoués au nom de priorités économiques. Ils doivent être les mêmes partout et pour tous et toutes et l'Union européenne qui se veut exemplaire doit faire appliquer les clauses des accords qu'elle signe en ce domaine avec la même rigueur que les clauses économiques.
NB : les liens et photos insérés dans le texte n'engagent que l'auteur de ce blog.