Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, a un club. Un club où l’on parle politique, et pas forcément pour justifier de nouvelles dépenses publiques et les prélèvements afférents.
Le premier forum de « Génération France », ce mardi, était consacré à la dette et aux déficits publics. Le titre annonçait la couleur : « On ne peut plus continuer comme ça ! »
Pour ne plus continuer comme ça, deux solutions : soit augmenter les impôts et les taxes, ce à quoi Jean-François Copé s’est refusé, réaffirmant au passage la légitimité du bouclier fiscal, soit baisser les dépenses publiques, sujet sur lequel le maire de Meaux a appelé ses invités du soir à réfléchir : des députés (le rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale Gilles Carrez, le socialiste Jean-Marie Le Guen…), et le ministre du Budget François Baroin, notamment. Comme souvent, Copé a annoncé d’emblée qu’il voulait parler « sans langue de bois ».
Tout en annonçant que l’enjeu de la réduction des dépenses publiques est de « sauver notre modèle social ». Quelle est la recette miracle de M. Copé pour sauver notre fameux « modèle social », déficitaire, tout en diminuant les dépenses publiques ?
À cette question, peu de réponses mardi soir, l’Éducation nationale ou la Sécurité sociale ayant été sanctuarisées dès l’abord du forum : refuser la langue de bois, certes, mais en restant dans un cadre bien circonscrit.
Dès lors, ne restaient plus que des économies de bouts de chandelle à faire, à condition que François Baroin et le contradicteur du soir Jean-Marie Le Guen le lui permettent. Par exemple, fusionner les régions et les départements.
À signaler toutefois, la volonté affichée du patron des députés de la majorité de faire inscrire dans la Constitution l’obligation pour le Parlement de réduire chaque année les budgets de l’État et de l’Assurance-maladie jusqu’à équilibre.
Elle a bon dos, la crise
Objection du très chiraquien François Baroin : comment aurait-on fait en 2008, au début de la crise, si l’on avait dû faire des économies budgétaires ?
Pas de réponse de Copé, cette fois. La crise, qui justifie, de l’avis de tous les participants à ce forum, tous les écarts, a bon dos. Aucun des participants ne s’est demandé si la crise n’était pas insupportable pour les États justement parce que ceux-ci ont, depuis trop longtemps, laissé filer leurs dépenses.
Un bon point cependant : Copé a réitéré sa volonté de fusionner l’impôt sur le revenu et la CSG-CRDS… tout en maintenant intact le principe de la progressivité de l’impôt, plutôt que celui de la proportionnalité de l’impôt (« flat tax »), appliqué avec succès dans plusieurs pays d’Europe de l’Est.
Copé a beau vouloir un « Grand Soir fiscal », fait d’une baisse des impôts et d’une diminution des dépenses publiques simultanée, on voit mal comment il pourra s’y prendre sans s’attaquer aux grands postes budgétaires de l’État.
Pour l’heure, et tant que se prolonge l’atonie de l’économie française, il pourra toujours, s’il arrive aux affaires un jour, se servir du prétexte de la crise pour justifier sa prudence. Sans dire que cette léthargie de l’économie française n’est pas forcément étrangère au niveau écrasant des dépenses publiques.