Flaubert a 20 ans, Louis-Paul Astraud

20 ans… L’âge où l’on est à peine au sortir de l’adolescence pour pénétrer dans l’âge adulte. Le temps aussi de choix qui, souvent, détermineront le reste d’une vie d’homme. Flaubert n’aura pas échappé à la règle.
Dans un petit ouvrage érudit et brillant, Louis-Paul Astraud raconte avec verve et talent ce que furent les 20 ans du père de Madame de Bovary.
On y découvre un Flaubert tout de dualité, tiraillé entre ses élans de jeunesse, ses ardeurs de jeune homme et ses questions existentielles profondes qui auront finalement le dessus, le poussant à la réclusion.
Jeune, l’écrivain était déjà hanté par le démon de l’écriture, écrivant sans relâche, tant des essais que des correspondances. Homme avide de voyages et d’aventures, assoiffé d’horizons, n’hésitant pas à offrir son passeport à un brigand en fuite, Flaubert n’en entretenait pas moins des rapports confus avec sa sexualité, déçu par les plaisirs de la chair partagés avec les femmes. Il aura même écrit regretter parfois de ne pas être du sexe opposé… Étranges aveux.
La plume de Louis-Paul Astraud est tout simplement aussi impressionnante que l’intrigue qu’il déroule. Sous ses phrases, érudites et fines, Gustave Flaubert prend vie. Nous l’observons grandir, comme à côté de lui, constatant son physique évoluant avec l’âge ; partageons ses émois, ses questions et douleurs et certaines de ses joies.
Sans tomber dans les pièges du roman biographique, Astraud s’attache à assembler méticuleusement les pièces d’un puzzle extirpées d’une bibliographie gargantuesque. Sans omettre les précieuses révélations du grand écrivain lui-même consciencieusement éparpillées dans ses multiples correspondances.

Le tour de force de ce livre est de toucher à un public universel. Fans de Flaubert souhaitant partager sa vie le temps d’une centaine de pages ou réfractaires à son style ampoulé : après avoir partagé les 20 ans de Gustave on n’a qu’envie de relire ses ouvrages, pour pénétrer plus avant les secrets de leur rédaction.
La très bonne nouvelle, c’est que « A 20 ans » n’est pas qu’un ouvrage, mais une collection. Le portrait de Flaubert, avec celui de Boris Vian mais aussi de Marcel Proust, - que nous n’avons pas lus - en sont les ouvrages inauguraux. Le brio mis dans la réalisation du premier opus, objet de notre dithyrambe assumé, annonce une véritable mine d’or pour le lecteur.

Un bijou de pédagogie, aussi, qui nous rappelle qu’à 20 ans, les grands écrivains ont souvent été les plus grands enfants.
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