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Lignes de front - De Jean-Christophe Klotz

Par Kilucru
Lignes de front - De Jean-Christophe Klotz
Lignes de front
Réalisation De
Jean-Christophe Klotz
Avec Jalil Lespert (Antoine), Cyril Gueï (Clément), Patrick Rameau (Capitaine Jonassaint), Jean-François Stévenin (Marchand), Philippe Nahon (Père François), Peter Hudson (Général Hillaire), Eriq Ebouaney (Monsieur-la-bête), Jean-Baptiste Tiémélé (Honoré)...
L'HISTOIRE :
Paris, avril 1994. Antoine Rives, journaliste indépendant, tourne un reportage sur les rapatriés du Rwanda. Il rencontre alors Clément, étudiant rwandais d'origine hutue dont la fiancée tutsie, Alice, a disparu. Antoine le convainc de repartir avec lui au Rwanda à la recherche d'Alice, et de le laisser filmer son périple. Un « pacte » qui s'avère très vite intenable face au chaos dans lequel ils vont se trouver plongés. Une traversée de l'horreur dans laquelle Antoine perd ses illusions sur son métier de journaliste et se demande jusqu'à quel point il peut filmer et exposer la tragédie humaine au reste du monde.
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Ce journaliste un peu pied tendre qui débarque au Rwanda avec l’idée en tête de suivre et donc de filmer Clément dans sa recherche de la femme dont il est sans nouvelle, sa fiancé Alice, Tutsi lui -même étant Hutu. Un seul peuple, deux ethnies, la première ayant décidé de rayer l’autre des tables humaines, toute la communauté Tutsi est la proie des Hutu dans une gigantesque razzia sanglante.Accueilli par le seul bastion de l’Onu encore présent, quelques forces sans pouvoir, juste celui d’intervenir si leur propre vies sont menacées, sans moyens, sans troupes, les forces françaises viennent de se retirer une fois l’essentiel de leur ressortissants évacués ( et là on songe à White Matérial ) .Retranché derrière les murs protecteurs, l’occasion leur sera donné de s’aventurer au dehors, sous la conduite d’un officier de l’ONU, la recherche vaine laisse entrevoir les traces du chaos, et ici et là quelques corps abandonnés témoignent de l’horreur. L’occasion aussi de rencontrer ces rebelles Hutu, ivres de la fureur que leur confère un nouveau pouvoir, le droit de vie et de mort. Tandis que Clèment poursuit sa recherche, suivi par la caméra d’Antoine, les rencontres sont rares, si ce n’est cette paroisse, camp retranché où le père François cache un nombre important de Tutsi avec de maigres moyens.
Lignes de front - De Jean-Christophe Klotz
Toute ses pistes pour Clèment sont vaines et c’est ainsi qu’un matin sans prévenir il prend la tangente comptant sur son flair et sur la chance, un peu voir beaucoup sur l’amour surement !
Sur l’écran à intervalles réguliers s’affichent sans un son le nombre de jours du conflit et celui de plus en plus astronomique des victimes !
Antoine va continuer son exploration, difficilement, quasiment sur le point de craquer à la vue d’une femme gravement blessée, en fait quasi mourante, ses nerfs lâchent, l’hystérie l’emporte.
Pour finalement se ressaisir, devenir plus pro dans son regard, capable d’y mettre une certaine distance, en fait un minimum. Ce qu’il a sur le cœur il le crachera, de la plus belle des façons, du moins telle que puisse le rêver un journaliste dans son cas, le Général Hillaire dernier responsable des casques bleus lui accorde son entretien dénonçant ainsi l’impassibilité de la communauté internationale, c’est du donnant-donnant : que l’interview passe sur les médias !
Antoine reprendra donc le chemin de l’Europe où à Paris son reportage crée l’exploit, provoque l’admiration …et retombe vite dans l’oubli !
Qu’importe il repartira, atteint du virus, retrouver ces gens avec qui il a partagé peu et immensément à la fois, la peur, l’angoisse, besoin aussi de dire qu’il n’était pas là que pour faire de la copie ou des images.
Là aussi où soudainement basculeront ses certitudes, quand montrer et témoigner peu attirer les foudres de l’ennemi. Quand alors sa responsabilité lui saute aux yeux, et le laisse blessé et psychologiquement anéanti !
Dans le rôle du Jeune Antoine, Jalil Lespert prête son faciès en lame de couteau, fragile et affuté, curieux voir trop presque maladroit, comme il sied au personnage.
Jean-Christophe Klotz réalise cette fiction aux allures de reportage, il couche en fait sur la pellicule , grosso modo, sa propre destinée, cette vie étant quasiment la sienne !
Il en profite pour pousser plus loin et s’interroge sur le rôle des medias : à quoi bon informer quand n’en découle aucune réaction ? Quand qui plus est les intervenants risquent et parfois payent de leur vie le fait de s’être confié ? Cela justifie-il le silence…sans doute que non, mais alors que faire de la vérité ?
Excessif.Com "...On touche ici au sujet fondamental du film : comment retranscrire un tel drame ? Question que s'est posé Klotz lors de son passage au Rwanda. Lignes de front parle ainsi de l'impossibilité à filmer et de l'impuissance du journaliste, qui, malgré ses efforts, n'arrive pas à faire réagir ses concitoyens et la communauté internationale. Cette dernière est d'ailleurs critiquée frontalement par le cinéaste, la France en prenant pour son grade : il dénonce l'attitude détachée et lâche de l'Hexagone, qui a laissé faire les milices hutus, sans porter d'aide efficace aux Tutsis..."
CritiKat.Com "...Quatre ans après le très réussi documentaire Kigali, des images contre un massacre, l’ancien reporter Jean-Christophe Klotz passe à la fiction mais garde le même sujet. Celui de son expérience au Rwanda, il y a seize ans, alors que débutait le génocide des Tutsi. Entre réflexion sur le rôle des médias et évolution d’un homme devant l’innommable, Lignes de front fuit la reconstitution peu signifiante au profit de la captation d’un ressenti indicible..."
Le Monde.Fr - "Lignes de front" : la difficulté de témoigner sur l'horreur et les médias
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