L’objectif du gouvernement est de franchir un pas supplémentaire dans les attaques contre les retraites : rapport du Conseil d'orientation des retraites en avril, « débat » jusque cet été, vote en septembre.
Le but clairement affiché pour l’immédiat est un report de l’âge légal de départ en retraite ( 60 ans aujourd’hui), et un allongement de la durée de cotisation pour une retraite à taux plein (41 annuités en 2012).
Derrière, et c’est le rapport du Conseil d'orientation des retraites qui l’indique, le but est rapidement d’aller vers une modification dans le mode de cotisation et de versement : retraite par point ou retraite en compte notionnel.
Le thème affiché par le gouvernement….et par les directions syndicales est la nécessité de « sauver les retraites ».
S’il faut les sauver, où est le péril ?
Péril de déséquilibre démographique, exprimée inlassablement par le rapport Charpin en 1999, puis par le Conseil d'orientation des retraites depuis 10 ans.
En 1982, il y avait 182 actifs pour 100 retraités. Le Conseil d'orientation des retraites prévoit un glissement jusqu’à 121 retraités en 2050.
Le Conseil d'orientation des retraites en déduit avec des droits équivalents à ceux d’aujourd’hui un besoin de financement annuel passant de 8 milliards par an aujourd’hui à quelques 69 milliards en 2050.
En découle un argument démagogique sur le poids « pour les générations futures » qui devraient payer pour les retraités..
De fait, l’attaque contre les retraites ne date pas d’aujourd’hui et est à intégrer totalement dans l’offensive contre les travailleurs menées au niveau international depuis le début des années 80 : offensive néo-libérale des capitalistes visant à restaurer leur taux de profit et accroître la pression sur les salariés.
L’autre objectif est de casser totalement le lien entre la retraite et le salaire. Transformer la retraite en un résultat d’épargne individuelle et non pas la continuation du salaire.
Dans les années 50, 60 et 70, des avancées importantes avaient pu être réalisés sur la question des retraites :
S’imposait l’idée que le retraité avait doit à avoir la continuité de son salaire d’actif, tout comme une femme en maternité, un salarié en formation, en maladie ou au chômage.
Avancées sur les retraites complémentaires, le taux de remplacement (50% en 1972 au lieu de 40) l’âge de départ en retraite (60 ans à taux plein en 1982), une année supplémentaire pour les femmes par enfant (1972).
Depuis 1982, les réformes sont allées toutes en sens inverse :
1993 Balladur fin du calcul sur les 10 meilleures années dans le prive pour le passage à 25 et passage de 37,5 annuités à 40 pour une retraite à taux plein.
Indexation sur les prix et plus sur les salaires.
1996 : attaque contre les regimes complémentaires.
2003 : alignement des fonctionnaires sur le privé .
2008 : passage progressif de 40 à 41 annuités.
La vraie question la répartition des richesses :
Lors des 50 dernières années, les pensions sont passées de 5% à 12% du PIB.
Pour payer les retraites tout en revenant sur les attaques passées, il faudrait simplement dans les 50 prochaines années passer de 12 % à 20% du PIB.
Le poids des pensions a été multiplié par 2.4 de 1950 à 2000, il devrait l’étre simplement part 1.7 d’ici 2050.
Et entre-temps comprendre que le PIB était de 750 Mds en 1960, 1500 Mds en 2000 et qu’il sera de 3000 Mds en 2040….
Donc, le vrai problème est bien le partage des richesses, de récupérer ce que le patronat a pris depuis 1980.
L’enjeu est de savoir quel partage la classe ouvrière peut imposer aux capitalistes : en gros, 10% du PIB, cela représente aujourd’hui 180Mds.
180Mds enlevés aux travailleurs, c’est le reflet des chômeurs, des précaires, des salaires bloqués,…
Ainsi 300€ nets d’augmentation des salaires, cela représenterait 31 Mds de plus pour payer les retraites ( privé plus public).
Il faut aussi démonter la logique « assurantielle », selon laquelle on devrait « épargner » pour sa retraite, prendre une assurance et qu’il serait logique, finalement, que le montant total individuel touché durant sa retraite soit le montant total cotisé quand on était actif. C’est cela exactement la logique des retraites par points ou en compte notionnel.
Notre logique est aux antipodes de celle-là. En système capitaliste, en formation, au travail, en maternité, au chômage, en retraite, nous avons tous et toutes droit à un salaire, prélevé chaque année sur le richesses produites cette année-là.
C’est donc bien la redistribution des richesses qui permet de régler la question.
Le problème des retraites, ce n’est pas la démographie, c’est le profit capitaliste.
C’est pourquoi il est dangereux de parler de « taxer les profits ». C’est, même avec la meilleure intention du monde, esquiver la question du partage des richesses entre salaires et capital, se résigner à une situation dans laquelle des millions de travailleurs sont réduits au chômage ou à la précarité.
« La meilleure façon de taxer les profits, c’est d’augmenter les salaires et d’interdire les licenciements ». Dans les calculs du COR, persiste un niveau de 4 à 5% de chômage alors qu’il dit que le problème est le faible nombre d’actifs !!!!!!
Il faut donc quand on parle des retraites parler de nos exigences sur les salaires et l’emploi :
-Interdiction des licenciements
-300€ net d’augmentation, aucun salaire, aucun revenu inférieur au SMIC
-SMIC à 1500€ net
Et augmentation des cotisations patronales :
De 1967 à 1989, le taux de cotisation vieillesse sur les salaires plafonné a augmenté en moyenne de 0.33% par an.
Il n’y a eu pratiquement plus aucune augmentation depuis 1991.
De 1969 à 1991, le taux de cotisation vieillesse avait multiplié par 2.
Depuis 1991 ( 20 ans) le taux est totalement gelé.
Pire, pour la moitié des salaires, les cotisations vieillesse sont en recul « grâce » aux exonérations jusqu’à 1.6 SMIC.
Indexation sur les salaires, pas sur les prix.
Pour comprendre la différence, et le recul introduit depuis 1993 un seul exemple :
Dans les retraites complémentaires ( ARRCO) qui fonctionnent avec l’indexation de la valeur d’achat des points sur les salaires et la valeur du point pour la pension versée indexée sur les prix les choses sont claires :
Entre1999 et 200è le prix d’achat moyen a augmenté de 23.33% et la valeur du point pour la pension a augmenté de 13.78%.
Depuis 1993, la valeur des pensions est indexée sur les prix et non plus sur les salaires.
Le salaire moyen augmente plus vite que les prix.
L’indexation sur les prix a donc un effet négatif sur la valeur des pensions mais aussi sur « l’actualisation des salaires portés au compte ». Cela a par exemple automatique l’impossibilité d’atteindre les 50% du salaire de référence pour la pension de base de la CNAV.