En 1919, dès la fin de la première guerre mondiale, la course cycliste Paris-Roubaix est à nouveau organisée. Le traité de Versailles n’a pas encore été signé. Beaucoup de soldats ne sont pas encore démobilisés. Le peloton a perdu des unités. Lapize, Petit-Breton, Faber et bien d’autres sont morts au combat. Le parcours a été modifié car certaines routes sont complètement inutilisables en raison de la violence des bombardements.
On est ainsi contraint d’éviter Arras. Eugène Christophe, le Vieux Gaulois, part reconnaître le nouveau parcours en compagnie d’un journaliste du Petit Journal. A partir de Doullens, le paysage n’offre que désolation. Les arbres déchiquetés ressemblent vaguement à des squelettes, les chemins sont défoncés, troués,éventrés par les obus. La végétation est rare. Elle est remplacée par des véhicules militaires en piteux état. Les maisons des villages ne sont plus que des pans de murs déchiquetés. A leurs pieds des masses de gravats. Eugène Christophe s’exclame « Ici, c’est vraiment l’Enfer du Nord » ...
25 coureurs sur les 77 partants finissent la course remportée par Henri Pélissier à la moyenne horaire de 25,857 km/h ( plus faible moyenne enregistrée depuis la création de l’épreuve ). Quant aux voitures suiveuses, sur 40 au départ, seules 5 ont pu rejoindre l’arrivée.
L’expression « L’Enfer du Nord » est restée mais elle n’a plus cours. Depuis maintenant plus de vingt ans, la Région du Nord entreprend tout ce qui est possible pour sauver les pavés et même les entretenir. Dans les communes traversées, les agriculteurs nettoient les sentes pour qu’elles soient belles et dignes de la course. Les communautés de communes s’organisent pour faire un état des lieux des portions pavées encore existantes et les entretenir. Elles sont soutenues dans leur action par Les Amis de Paris-Roubaix. L’Enfer du Nord n’existe plus. C’est maintenant la fête lors du passage de la course cycliste. On en profite pour sortit les Géants du carnaval, pour se réunir entre amis et surtout accueillir les nombreux belges, allemands, hollandais qui viennent voir la course. Le parcours fait maintenant partie du patrimoine régional. Il est fléché dix jours avant l’épreuve et nombreux sont ceux qui viennent s’y promener en faisant bien attention de ne rien détériorer.
Certaines zones pavées portant le nom de champions cyclistes et dans certains villages les municipalités ont érigé des stèles à la gloire des champions ou dirigeants les plus représentatifs du cyclisme nordiste. En voici la liste :
A Troisvilles ( début des zones pavées ) devant le café Chez Françoise, lieu incontournable du suiveur de la course ( spécialité omelette au Maroille, le fromage local ) une pancarte avec une photo de Jean Stablinski.
A Haveluy : stèle Jean Donain, créateur du G.P.de Denain.
A l’entrée de Wallers : stèle Jean Stablinski. Stablinski a travaillé sous cette portion pavée qui autrefois était une mine de charbon avant de devenir coureur et de rouler lors de l’épreuve sur ce qui fut son lieu de travail.
Entre Beuvry et Orchies : pavé Marc Madiot
Entre Cysoing et Boughelles : pavé Duclos-Lassalle dit pavé Gibus
De Willemmes à Hem : pavé Kuiper
A Roubaix : Espace Cruppelandt du nom du seul roubaisien vainqueur de l’épreuve en 1914.