Banlieues, d’un novembre l’autre ?

Publié le 27 novembre 2007 par Jean-Paul Chapon

Hier, il y avait quelque chose de presque gourmand dans la façon dont le présentateur de France-Info parlait des incidents de la nuit de dimanche à lundi à Villiers-le-Bel. Et si ça repartait comme il y a deux ans, le grand incendie des banlieues, les images de voitures qui brûlent, les jeunes encagoulés, les affrontements avec la police, les bâtiments publics incendiés ? Du bonheur pour les médias. Puis dans la journée, le ton s’est calmé, comme pour répondre à l’appel lancé par les familles et par Didier Vaillant, le maire de Villiers. On parlait sur France-Info d’une reprise de la vie normale, malgré les signes encore visibles de la nuit. On parlait de l’enquête, de l’accident, des policiers. Et puis le soir, on a très vite appris que ça recommençait, et que cela s’étendait. Et ce matin, ce n’est plus la même gourmandise. Pas encore de l’inquiétude, mais au moins des questions.

Cela va-t-il vraiment recommencer ? « Le risque de contagion » titre Libération. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’intérieur, s’est rendu sur les lieux. Elle dénonce à juste titre la violence et appelle la population à « isoler les délinquants ». Délinquants ? Oui, certainement et si une chose a changé en deux ans, c’est la rapidité avec laquelle on a assisté en deux nuits en une radicalisation de la violence, avec l’utilisation d’armes et les incendies de bâtiments publics. Mais pour autant, la population va-t-elle entendre cet appel ? Dans Libération, Laurent Joffrin écrit ce matin dans son éditorial, « la matrice sociale et psychologique des émeutes de 2005 est toujours à l’œuvre. C’est spontanément qu’une partie des habitants des cités choisit la violence, en dépit des appels au calme lancés… »

On doit bien sûr attendre les résultats de l’enquête, pour savoir ce qui s’est vraiment passé, mais on a l’impression que le même engrenage a une fois de plus donné les mêmes effets. Ce matin sur France-Info on entend un jeune qui dénonce les harcèlements de la police vis-à-vis des jeunes, et d’expliquer que ces derniers ne s’en prennent qu’aux voitures de police, ils ne s’attaquent pas à celle des « civils ». Qu’elle tragique vision de la société dans ce choix de vocabulaire ! Et déjà une école, une bibliothèque et d’autres bâtiments sont partis en fumée, parce qu’ils ne sont pas considérés comme appartenant à la société « civile », mais seraient des symboles de l’autre société dont ils se sentent exclus ? Quel triste bilan deux ans après les émeutes de 2005.

On a l’impression que depuis deux ans rien n’a été fait, rien n’a vraiment changé. On attend l’énième plan banlieue, concocté par Fadela Amara, la secrétaire d’Etat à la politique de la Ville prévu pour janvier, dommage ça pète en novembre. La communauté d’agglomération Val de France dont fait partie Villiers-le-bel comme Sarcelles, Arnouville-les-Gonesse et Garges-les-Gonesse, était pourtant une des premières étapes de la caravane à en croire le site de la secrétaire d’Etat. Le grand barnum ne suffit pas, la banlieue – si on veut l’appeler ainsi – veut autre chose, du concret. Une fois de plus je reviens à cette expression, “être et avoir même en banlieue“, être comme les autres et avoir comme les autres. Tous les acteurs de terrains sont là pour le dire, pour le réclamer, les maires de Ville&Banlieue, il y a deux semaines à peine essayaient de se faire entendre avec leurs propositions concrètes pour en finir avec cette situation de repli sur soi, d’enclavement et de discrimination, appelons les choses par leur nom, dans laquelle la société s’est tranquillement installée, au risque de voir ses réveils se multiplier plus fréquents et plus violents. Au fait elle dit quoi Fadela ce matin ?

Jean-Paul Chapon

Dernière minute :
à la mairie de Villiers-le-Bel aujourd’hui mardi 27 novembre à 15h00
Conférence de presse de soutien des maires à leurs collègues du Val d’Oise

Renseignements : Association des Maires Ville et Banlieue de France
Tél : 01 47 00 27 00

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