La création de la Trame verte et bleue, un des engagements-phares du Grenelle, s’annonce plus complexe que prévue. En attendant le vote du Grenelle II, les gestionnaires des espaces naturels, réunis le 30 mars dernier, ont fait le point sur les outils et le cadre de mise en œuvre du futur réseau écologique.
Une trame verte et bleue ?
Il s’agit d’un outil d’aménagement du territoire qui permet d’aménager des couloirs écologiques pour la préservation d’espaces naturels isolés et la protection des espèces en danger. Le projet vise à reconstituer un réseau d’échanges cohérent à l’échelle du territoire national, pour que les espèces animales et végétales puissent communiquer, circuler, s’alimenter, se reproduire, se reposer… afin d’assurer leur survie.
La trame bleue est notamment formée de zones humides, de cours d’eau, des masses d’eau le long des cours d’eau. Suite à la fragmentation des espaces naturels, les populations d’espèces doivent désormais vivre sur un ensemble de zones vitales appelées « réservoirs de biodiversité ». Ces espaces utilisés par les individus pour aller d’un réservoir à un autre sont appelés des corridors écologiques.
La trame verte et bleue se donne pour objectif de donner des espaces de respiration à la biodiversité, de lui permettre de s’adapter à des changements majeurs tel que le réchauffement climatique.
Le grenelle II
La constitution d’une trame verte et bleue nationale est une mesure phare du Grenelle Environnement. Le projet de loi Grenelle II dont l’examen par les députés débutera en mai prévoit la mise en place d’une trame verte et bleue d’ici fin 2012. Une échéance qui risque d’être difficile à tenir. «Les continuités écologiques sont un sujet difficile, car les projets démarrent sans pouvoir s’appuyer sur des expériences concrètes», analyse cependant Jean-Pierre Giran, président des Parcs nationaux de France.
Un schéma régional de cohérence écologique devra être élaboré d’ici 2013. Les régions devront identifier les enjeux régionaux de préservation de la biodiversité par des diagnostics et respecter des critères nationaux de cohérence: protection des espèces et habitats prioritaires : parcs nationaux, réserves naturelles, Natura 2000, les Sdage. Le SRCE devra enfin prendre en compte les schémas des régions et pays voisins.
Une trame à prendre en compte dans les documents d’urbanisme
Les documents de planification locale comme les Scot et les PLU devront prendre en compte la trame verte et bleue. Par exemple dans une commune rurale des haies devront être maintenues et relier des bosquets, des mares conservées et des prairies d’élevage extensif également.
De plus, les projets d’infrastructures linéaires de transport de l’Etat comme les lignes TGV et les autoroutes devront prendre en compte le schéma régional de cohérence écologique. Par exemple lors de l’élaboration d’une nouvelle ligne TGV, des zones devront être exclues car trop importante pour les continuités écologiques, tandis qu’ailleurs les travaux de réalisation devront prévoir des passages à faune. Des projets de route devront être abandonnés s’ils font disparaître irrémédiablement un milieu ou une espèce, par exemple le grand contournement de Strasbourg ne peut conduire à la disparition des derniers hamsters sauvages. Les conflits se résoudront devant les tribunaux, suite à la saisie des associations de protection de l’environnement
L’avis Sequovia :
En cette année de la biodiversité, la trame verte et bleue est un élément essentiel à sa préservation. Les membres du Grenelle de l’Environnement ont compris l’intérêt de la mise en place d’un réseau écologique en France à l’échelle nationale afin de créer une continuité territoriale. Pour que cette ambition réussisse, il convient de mobiliser tous les acteurs, les élus, les agriculteurs, les forestiers, les entreprises mais aussi les populations locales. Des aides économiques pour les collectivités et des compensations en cas d’atteinte à la trame sont d’ailleurs à l’étude