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Deux chaussons rouges, quatre hommages. Aujourd’hui...

Publié le 07 avril 2010 par Mmepastel

Deux chaussons rouges, quatre hommages.

Aujourd’hui ressort en salle le film britannique de 1948, The Red Shoes/Les Chaussons Rouges, réalisé par Michael Powell et Emeric Pressburger, dans une version restaurée. Ce film est culte pour nombre de grands noms du cinéma américain : Martin Scorcese déclare que c’est “le plus beau film en technicolor”, Brian de Palma ajoute que c’est pour lui “le film parfait (…), le plus grand film qu’(il) connaisse sur la création artistique.” En extrait ci-dessus, un petit bout de la fameuse scène de ballet de dix-sept minutes qui nécessita six semaines de tournage, cent-vingt peintures préparatoires, et qui devint donc la scène mythique, dans laquelle le spectateur plonge dans un univers poétique et fantastique.

Rappelons évidemment que ce film fut inspiré du conte d’Andersen éponyme. Mais il en existe plusieurs versions, et l’une d’elles est analysée par Clarissa Pinkola Estès dans son fameux livre Femmes qui courent avec les loups. Dans tous les cas, une jeune fille chausse des souliers rouges et se met à danser, comme possédée, jusqu’à l’épuisement. Selon elle, les chaussons rouges symbolisent le “sauvage” de la femme, le “non-domestiqué”, part essentielle de l’être humain. Or, l’enfant, dans le conte, privée de ses souliers rouges “cousus mains”, tente d’être “normale”, “sage” : “Quand les instincts sont endommagés, les êtres humains vont normaliser systématiquement les actes d’injustice et de destruction perpétrés à leur encontre et à contre leur progéniture, leurs êtres chers, leur terre et même leurs dieux.” Mais on ne peut ainsi refouler cette part intime de l’être. Et la jeune fille est alors perdue, rien ne lui donne satisfaction. Alors, la seule façon qu’elle trouve pour se rapprocher de sa nature sauvage, c’est de chausser les souliers rouges, mais ils ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’addiction néfaste. Et elle s’y perd, jusqu’au sacrifice, jusqu’à la mort. Clarissa Pinkola Estès pense qu’une autre fin est possible, qu’une autre voie doit être trouvée : celle qui permet à la femme de restaurer ses instincts sauvages, symbolisés par les premiers chaussons de la jeune fille, ceux “cousus mains”, bref, les siens, et non pas les autres, damnés.

Comment s’étonner qu’une telle histoire ait séduit Kate Bush ? Elle a dans son album The Red Shoes fait sienne cette histoire, et l’a même déclinée dans un moyen-métrage initulé The Line, The Cross and The Curve (dans lequel elle fait de multiples clins d’oeil au film de 1948) que vous pouvez voir et écouter ici.

Enfin, rendons hommage au blog prolifique nommé The Red Shoes, qui nous abreuve de belle littérature, de belles images.


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