Forcément on ne peut pas totalement en vouloir à ceux qui préfèrent rester bien au chaud chez eux, sans ces désagréments notoires, pour déguster les films dans des conditions de calme qu’ils peuvent maîtriser. Mais avant de pénétrer dans la salle, au cinéma, il y a aussi des petits à-côtés étonnants, pour le meilleur et pour le pire. La confrontation entre spectateurs en dit long sur les relations humaines. J’aime ces sympathies fortuites que l’on peut créer en quelques instants avec des inconnus que l’on ne reverra jamais, ces petites étincelles où l’on partage un rien qui nous fait sourire.
Mardi soir, j’étais à l’UGC Ciné Cité les Halles en compagnie d’une amie. Notre choix du soir s’était porté sur Dragons, le nouveau film d’animation de Dreamworks (parfait pour éviter les gamins et obtenir la VO). Alors que l’on attendait l’entrée en salles avec des spectateurs d’une salle adjacente, un mouvement s’est créé lorsqu’il fut annoncé que l’accès à l’une des deux salles se faisait. Encore un peu de patience, ce n’était pas la nôtre. A ma gauche, un couple, fin de la trentaine, n’a pas compris si c’était leur salle qui s’ouvrait. Le mec se tourne vers moi.
« C’est quelle salle qui entre ?- La 21.- Ah bah c’est nous. Vous allez voir quoi vous ?- Dragons.- [avec le sourire]Oh ? Vous allez voir ça vous ?- [rendant le sourire] Eh ouais, je vais voir ça ! Vous allez voir quel film vous ?
Je ne saurais jamais si ce mec relax et sa compagne ont apprécié le film de Fatih Akin, mais quelques jours après avoir vu un homme et une femme se traiter de « connasse » et de « pédé » à une caisse de cinéma pour je ne sais quelle raison triviale, partager une éphémère discussion anonyme mais joviale en attendant d’entrer en salle, cela fait partie des petits plaisirs que ne parviendra jamais à offrir une soirée DVD, contrairement à une salle de cinéma.
Et Dragons, me demanderez-vous ? Une réussite visuelle qui sait se montrer éblouissante, au service d’un univers de vikings chasseurs (ou dresseurs) de dragons, où les forts accents scottish adultes (Gerard Butler, Craig Ferguson) et ceux adolescents américains (Jonah Hill, Christoph Mintz-Plass) dessinent une atmosphère générale forçant la sympathie. Parfait pour un ciné de semaine.